b- les autres éléments de rémunérations

primes, gratifications, heures supplémentaires, intéressements

Les heures supplémentaires d'abord, qui constituaient, pour certains, une source de revenus très importante, ont sans doute presque entièrement disparu, sous l'effet conjugué des modifications législatives de 1939 concernant le temps de travail des salariées et surtout de la diminution des horaires d'ouverture du magasin pendant la guerre. Il n'est plus non plus question du versement de gratifications, dont le montant était cependant très modeste par rapport à celui des heures supplémentaires. La prime d'ancienneté, en revanche, existe toujours. Les 3% de bénéfices du Grand Bazar distribués aux titulaires ayant plus de trois ans d'ancienneté ne procuraient, déjà dans les années 1920, que des sommes annuelles plutôt modestes, de l'ordre d'une ou deux journées de travail. Celles-ci n'ont, alors, cessé de diminuer depuis le milieu des années 1930 et les difficultés du magasin. En 1941, le comité consultatif en est à parfaire la somme des 3% de bénéfices affectés au versement de la prime d'ancienneté de manière à maintenir une annuité de 5F1371. Ces montants sont tellement faibles que le conseil d'administration hésite, l'année suivante, à allouer cette part des bénéfices au comité social1372. Finalement, la répartition des 20% de bénéfices à disposition du conseil d'administration est revue et 5% sont alloués à la prime d'ancienneté1373. On ne sait plus rien de son évolution par la suite, mais les faibles bénéfices du Grand Bazar signifient que la prime d'ancienneté demeure un élément de rémunération peu important.

Mais les mauvais résultats du magasin grèvent particulièrement les revenus des membres de l'encadrement des rayons, intéressées sur l'augmentation du chiffre de leur rayon et sur les bénéfices de la société. Leur système de rémunération est alors modifié pendant la guerre. "L'excédent" d'abord, que cheffes et sous-cheffes de rayon touchaient sur l'augmentation de leur chiffre d'affaires par rapport à l'année précédente est sans doute nul depuis 1938, lorsqu'au ralentissement de l'activité du magasin s'est ajoutée la diminution de la surface de vente. Sa suppression, envisagée au début de l'année 19421374, n'est cependant effective qu'après l'arrivée de Leray à la tête du magasin, en novembre 1942. Dorénavant, une somme représentant 2% de l'excédent du chiffre d'affaires global de la société par rapport au chiffre d'affaires antérieur le plus élevé sera mise à disposition du conseil, qui la répartira aux cheffes et secondes de service "ayant obtenu le meilleur rendement, compte tenu des difficultés [du moment]"1375. A la même date, un système similaire est instauré pour l'attribution, aux seules cheffes de rayon et de service cette fois, d'une partie des 20% de bénéfices dont dispose le conseil d'administration. Depuis la fin du 19e siècle, les responsables de service obtenaient, souvent après plusieurs années de service, un pourcentage fixe sur les bénéfices de la société, lorsque le départ d'une intéressée libérait des parts. Les modifications apportées par Leray à l'encadrement des rayons en 1942 et 1943 rendent brusquement disponibles 5 à 6% des bénéfices. Mais ces sommes ne sont pas redistribuées. Il est décidé que, chaque année, elles seront réparties par le conseil aux cheffes les plus méritantes1376. On ne dispose d'aucune donnée précise sur le montant de la rémunération des cadres du Grand Bazar pendant la guerre, sur l'évolution de leurs salaires mensuels comme de la partie variable de leurs revenus. Mais les difficultés traversées par le magasin ont sans doute contribué à une diminution de leur pouvoir d'achat au moins aussi importante que celle des salariées non gradées.

Pour atténuer ces diminutions du salaire réel, le régime de Vichy encourage le développement de politiques sociales d'entreprise. Le Grand Bazar, peu actif dans ce domaine depuis la Première Guerre mondiale, participe au mouvement.

Notes
1371.

ADR, 133J013, PV du CC du 16 décembre 1941.

1372.

Idem, PV du CC du 27 novembre 1942.

1373.

Idem, PV du CC du 23 décembre 1943.

1374.

Idem, PV du CC du 23 janvier 1942.

1375.

Idem, PV du CC du 16 septembre et 27 novembre 1942.

1376.

Idem, PV du CC du 27 novembre et 23 décembre 1942.