I/ un nouveau Grand Bazar et une nouvelle organisation du travail

En 1951, le Grand Bazar devient un Prisunic. L'évolution économique de la France est favorable à ce nouveau départ. Les pénuries s'estompent en 1948 et 1949 et le ministère du Ravitaillement est alors supprimé¹⁴⁸¹. Après un strict contrôle des prix et des salaires¹⁴⁸², l'inflation finit aussi par être jugulée en 1948, permettant un retour à la liberté des prix en 1949. La période qui s'ouvre pour le magasin est cependant loin de constituer un retour à une croissance comparable à celle connue au début du siècle. Les commerces comme le Grand Bazar qui ont fait le choix, au début du siècle, de se distinguer des grands magasins en développant la vente d'articles "bazar", de consommation courante, voient apparaître de redoutables concurrents dans les années 1960. Les super- et hypermarchés s'installent, en effet, sur le même marché et disposent de nombreux atouts que n'ont pas les petits magasins de centre-ville¹⁴⁸³. A la périphérie des grandes villes, ils ont des locaux plus vastes, moins coûteux leur permettant de proposer une variété de produits bien plus importante et à des prix très bon marché. Offrant de nombreuses places de stationnement, ils sont aussi plus commodes d'accès pour des consommateurs et consommatrices de plus en plus motorisées. Les magasins populaires, comme le Grand Bazar, doivent alors, pour être rentables, se contenter d'être des commerces de proximité, de dépannage, pour les clientes qui effectuent majoritairement leurs achats dans les grandes surfaces périphériques. Le Grand Bazar reste, par conséquent, de taille relativement modeste et tente alors de se développer non plus en s'agrandissant, comme dans les années 1920, mais en créant des filiales. Les effectifs et l'organisation du travail dans le magasin sont aussi, par conséquent, assez stables entre 1951 et 1974. Mais la structure du travail est profondément remaniée en 1951, pour l'ouverture du nouveau Grand Bazar.