a- les rayons

la collection Prisunic

A partir de septembre 1951, les rayons du Grand Bazar sont essentiellement approvisionnés par la SAPAC, un très faible nombre de marchandises étant directement achetées par le magasin auprès de fournisseurs locaux. Les collections Prisunic sont nettement différentes de la gamme de produits que le Grand Bazar proposait avant la guerre. A partir de 1951 en effet, deux types de marchandises dominent au magasin, le textile et l'alimentation, soit deux rayons auxquels très peu d'importance était accordée auparavant. Réapparaissent ainsi des rayons enfants, femmes, hommes, lingerie, collants et chaussures, pour la plupart supprimés depuis longtemps du Grand Bazar, même si quelques articles, de bonneterie en particulier, étaient toujours vendus. Pour l'alimentation, le Grand Bazar dispose désormais de rayons crémerie, charcuterie, fruits et légumes, épicerie, conserves, confiserie ou boissons. En septembre 1952, est ouvert un rayon "boucherie sous cellophane", qui connaît un rapide succès1518 et encourage la création d'un rayon de boucherie fraîche, cinq ans plus tard1519. Une place encore plus importante est offerte à l'alimentation en 1968, avec l'ouverture du premier étage en libre-service. A cette date, les Halles de Lyon, situées en face du Grand Bazar, sur la place des Cordeliers, doivent déménager et le Grand Bazar entend bien récupérer une partie de leur clientèle. La gamme des produits alimentaires proposés est alors diversifiée, avec, par exemple, des plats cuisinés, des poissons, des crustacés ou du gibier1520. La dernière innovation de la période est l'apparition d'un rayon "surgelés" en 19731521. Le développement du textile et de l'alimentation se fait alors au détriment des articles qui avaient constitué les rayons phares du magasin dans les années 1910 et 1920. Disparaissent en particulier tous les objets volumineux, les meubles (lits, armoires, bureaux, tables de salle à manger, chaises, bancs), les poêles, chauffages, baignoires ou lavabos. Des anciens rayons hydrothérapie ou électricité ne reste plus que la vente des petits objets, les savons, brosses, serviettes de toilettes ou les ampoules électriques. Même si de nouveaux articles apparaissent, la diversité des marchandises vendues au Grand Bazar est moins importante qu'elle ne l'avait été auparavant. Ce recentrage de l'activité se traduit aussi par une clarification de la composition des rayons. Il n'est plus question qu'un comptoir de couronnes mortuaires soit rattaché à la parfumerie, que les "articles de fumeurs" soient vendus à la papeterie ou les "articles de piété" à la maroquinerie. Chaque type de produits (collants, vêtements pour femmes, parfumerie, boissons) fait désormais l'objet d'un rayon particulier, dont la taille est alors nettement réduite par rapport à la période précédente. Cette restructuration économique a une traduction spatiale dans le nouveau magasin qui ouvre ses portes le 4 septembre 1951.

L'espace de vente est, en effet, complètement réorganisé pendant les travaux qui précèdent l'ouverture du Prisunic. Il est désormais presque uniquement composé de "bergeries", ces présentoirs de marchandises installés sous forme de rectangles à l'intérieur desquels se tiennent les vendeuses1522 – voir schéma ci-dessous et les reproductions n°24 et 25. Seuls certains vêtements font exception, qui sont présentés sur des cintres. Pour le reste, chaque rayon a sa propre bergerie, dont il utilise les têtes de gondoles – les "gondoles" sont les meubles de présentation des marchandises – pour mettre en valeur des articles en promotion ou dont il faut pousser la vente.

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Reproduction n°24 : Photographie de bergeries au rez-de-chaussée [années 1950]
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Reproduction n°25 : Photographie de bergeries au rez-de-chaussée [années 1950]
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Schéma n°9 : "Bergeries" qui composent le rez-de-chaussée du Grand Bazar à partir de 1951.

Notes
1518.

ADR, 133J014, PV du CC du 7 août 1952 et 133J010, PV du CA du 9 septembre 1952.

1519.

ADR, 133J014, PV du CC du 18 novembre 1957.

1520.

ADR, 133J011, PV du CA du 14 mai 1968 et 8 juillet 1968.

1521.

Idem, PV du CA du 18 avril 1973.

1522.

Entretien avec Janine Gay, le 2 juillet 1999.