les hommes manutentionnaires

Emile Donatti est ainsi recruté comme manutentionnaire titulaire au rayon alimentation en septembre 1953. Classé au coefficient 140, le minimum de sa catégorie s'élève à 18 600F auxquels sont ajoutés 6 400F de suppléments, ce qui donne un salaire mensuel de 25 000F1687. Le montant de la "prime" est le même quel que soit le mode d'emploi des salariées. En effet, Paul Dhote, qui est embauché comme auxiliaire à temps partiel trois mois plus tard, gagne lui aussi 25 000F par mois1688.

A partir de 1958, le montant des suppléments est augmenté après un mois de présence, soit, pour les titulaires, à la fin de leur période d'essai. Pour les auxiliaires, ce délai d'un mois est ramené à 10 jours en 1960. Une période probatoire équivalente à celle que subissent les vendeuses auxiliaires avant d'obtenir leur catégorie salariale définitive est donc instaurée pour le versement des suppléments. Gabriel Depond1689 et Jean-Pierre Daboussy1690 entrent tous les deux comme manutentionnaires titulaires à quelques semaines d'intervalle au début de l'année 1962. Ils reçoivent tous les deux les 350F mensuels qui correspondent au minimum de la catégorie 4 et 30F de suppléments. Un mois plus tard, les suppléments s'élèvent à 74F et ont donc été multipliés par 2,5. Mais cette augmentation après quelques semaines de travail est supprimée en 1963, pour les titulaires comme pour les auxiliaires. Jean François Droux, Maxime Decarpentier et Paul Demontal1691, par exemple, sont tous les trois embauchés comme manutentionnaires en août 1965, le premier comme titulaire et les deux autres comme auxiliaires à temps complet pour les congés payés. Le premier gagne 540F par mois, soit 435F de la catégorie 4 et 105F de "primes". Les deux auxiliaires sont payés 24,93F par jour, soit environ 540F par mois1692. Le montant de ces suppléments s'élève, environ, au quart du minimum de la catégorie 4. Il constitue donc un élément particulièrement important de la rémunération des manutentionnaires, l'équivalent d'une semaine de salaire supplémentaire tous les mois.

L'uniformité des montants souffre cependant quelques exceptions, assez rares. Les suppléments versés à certains manutentionnaires sont en effet inférieurs à ceux des autres. Ni l'âge, ni le rayon d'affectation, ni le statut ne sont en cause. La qualité du travail est donc sans doute à l'origine des différences. Abel Delporte par exemple, qui entre comme manutentionnaire titulaire en 1964, n'a droit qu'à 79F de suppléments1693, soit les trois-quarts des 105F auxquels ont droit les autres hommes. Jean-Loup Dommergue travaille, lui, à temps partiel en mai 19671694. Ses 90F de suppléments correspondent aussi aux trois-quarts des 120F dont bénéficient ses collègues à la même date.

Notes
1687.

GBL, C1n°61, entré le 15 septembre 1953.

1688.

GBL, C8n°73, entré le 30 janvier 1954.

1689.

GBL, C2n°45, entré le 20 février 1962.

1690.

GBL, C13n°29, entré le 2 mai 1962.

1691.

GBL, C10n°43, entré le 2 août 1965 ; C10n°10, entré le 23 août 1965 et C2n°20, entré le 2 août 1965.

1692.

24,93F par jour divisé par huit heures puis multiplié par les 173,33333 heures que comptent le mois de travail = 540,15F par mois.

1693.

GBL, C7n°22, entré le 21 avril 1964.

1694.

GBL, C1n°44, entré le 5 mai 1967.