b- maladie et invalidité

Il est un autre motif d'interruption d'activité professionnelle qui n'est pas, lui, réservé aux femmes, la maladie voire l'invalidité.

Les périodes de maladie et d'invalidité touchent particulièrement les salariées en fin de vie active. Au total, le quart des "B" embauchées entre 1951 et 1974 dont on a le dossier de retraite (18 sur 72) sont en maladie ou en invalidité à la fin de leur vie active. Leur nombre est peut-être sous-estimé, les dernières séquences d'emploi de la vie active n'étant pas toujours bien renseignées dans les dossiers de retraite. La génération de salariées parisiennes étudiée par Françoise Cribier – salariées nées entre 1907 et 1912 – est d'ailleurs dans une proportion encore plus importante (40%) invalide ou inapte au travail pendant les dernières années1837. Mais les cas de maladie et d'invalidité repérés parmi les anciennes salariées du Grand Bazar concernent des personnes qui, pour la plupart, ont dû cesser très jeune leur activité. Toutes ne sont pas arrêtées aussi tôt que Jeanne Denizot, en maladie à l'âge de 37 ans puis en invalidité à 40 ans1838, mais neuf des 18 "B" sont cependant invalides avant 50 ans et six autres entre 50 et 55 ans. En outre, plusieurs salarié-e-s, comme Marie-Louise Delaire ou Jeanne Desbordes qui sont en invalidité définitive à 53 et 54 ans, ont déjà connu une longue interruption pour maladie au milieu de leur carrière. La première, née en 1924, a été malade pendant 10 ans, de 29 à 39 ans1839 et la seconde, née en 1930, pendant 11 ans, de 29 à 40 ans1840. Sept "B", au total, ont connu une période de maladie ou d'invalidité de plus de cinq ans en cours de carrière.

Les changements opérés par les classifications professionnelles, les conventions collectives et la législation sociale en matière de gestion de la main-d'oeuvre ne modifient guère les profils professionnels des salariées du Grand Bazar. Comme avant 1936, il s'agit de parcours instables, qui passent par les postes non qualifiés de l'ensemble des secteurs d'activité, les cumulent même parfois. L'emploi au Grand Bazar est une étape parmi tant d'autres. Certaines salarié-e-s, rares, s'y stabilisent, mais la majorité part très rapidement, à la recherche d'un emploi à temps complet, plus proche du domicile ou mieux payé. Il est, dès lors, bien difficile de définir les salariées du Grand Bazar comme des "employées de commerce", au terme de leur vie active et même à un moment donné de celle-ci, la pluriactivité n'étant pas rare. Mais il n'y a pas de mots pour dire ces parcours. Les taxinomies, qui permettent de les désigner, progressivement définies au travers des catégories socioprofessionnelles, ne font pas de place à la pluriactivité ni même à l'extrême variabilité des postes occupés.

Notes
1837.

Françoise Cribier, "Itinéraires professionnels et usure au travail... ", article cité, p.29.

1838.

GBL, C7n°17, entrée le 14 octobre 1968.

1839.

GBL, C11n°40, entrée le 2 septembre 1963 et CIRRIC, DR n° 02 3.312.730 C F 2.

1840.

GBL, C2n°15, entrée le 12 novembre 1970 et CIRRIC, DR n° 02 3.834.693 Q F 2.