UNIVERSITE LUMIERE - LYON 2
FACULTE D’ANTHROPOLOGIE ET DE SOCIOLOGIE
THESE pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITE LUMIERE - LYON 2
Discipline : Sociologie et Sciences Sociales
le 12 mars 2001
ETHNOGRAPHIE D’UN MONUMENT
Récits d’une fondation contemporaine : le Centre Civique de Bucarest
Directeur de thèse : François LAPLANTINE
Gérard ALTHABE
M. Philippe DUJARDIN
Yves GRAFMEYER
M. Vintila MIHAILESCU

Remerciements

Une pareille aventure, longue et accidentée ne peut aboutir sans de multiples présences, tout autant protectrices, qu’encourageantes, réconfortantes, stimulantes, chacune d’entre elles, importantes et nécessaires. Loin de n’être exclusivement qu’un travail solitaire, le moment de la recherche est le plus souvent un temps d’échanges, de partages, de confrontations tant avec les mots, les individus ou les univers que la recherche nous amène à côtoyer. Ce travail est le fruit de ces découvertes partagées et de ces multiples présences.

L’aventure a débuté à la Maison du Rhône, centre pour une anthropologie du fleuve dont je tiens à remercier l’ensemble de l’équipe pour avoir été présent à toutes les étapes et jusqu’à ce jour. Les initiatives bouillonnantes de chacun m’ont énormément guidée dans mes démarches.

Le Musée du paysan roumain et l’univers qu’il propose ont provoqué chez moi un choc et m’ont aidée à donner du sens au terme « ethnologie ». Je les remercie vivement d’avoir été ceux qui ont guidé puis accompagné mes premiers pas roumains. Mais je dois particulièrement à la rencontre avec Irina Nicolau, qui fut décisive dans mon choix de commencer un travail sur la ville de Bucarest.

Le Centre de Recherches et d’Etudes Anthropologiques m’a accueillie au sein de son ésquipe et m’a permis de travailler et de confronter les résultats de la recherche. François Laplantine, mon directeur de thèse, m’a toujours encouragée et suivie dans les directions prises. Denis Cerclet, dès le début de ma présence à l’Université, m’a accordé toute sa confiance et cela est inestimable.

A Bucarest, le terme de présence a pris tout son sens :

La présence de Vintila Mihailescu qui, avec ses étudiants au sein de la Faculté de Sociologie, déploie une grande énergie à stimuler la recherche. Je le (les) remercie de cette présence éclairée. Je remercie chacune des personnes rencontrées qui ont bien voulu se prêter au jeu d’un certain regard sur le Centre Civique, d’avoir bien voulu accepter ma présence et mes questions durant ces mois de terrain. Sans eux et leurs paroles, ce travail n’existerait pas. Pendant ce temps, Dana et Costache me procuraient la chaleur de leur logis et bien plus encore, tant leur accueil fut touchant et spontané.

Enfin, la garde rapprochée, comme j’aime à les appeler, qui ont manifesté une présence quasi quotidienne. Toutes ces personnes qui n’ont pas cesser d’entendre parler du Centre Civique et qui ont toujours eu une oreille attentive, je les remercie de m’avoir consacré de leur temps et de leur affection. Dans un entourage de plus en plus proche, je remercie sincèrement Anne-Claire et Laure, ces amies qui m’ont entourée dans les moments difficiles, et particulièrement Dominique Belkis, spécialiste de la Roumanie et néanmoins amie et collègue, avec qui je n’ai cessé de confronter mon regard sur ce pays.

En dernier lieu, je remercie de tout mon coeur l’ensemble de ma famille, et plus spécialement mes parents et mon frère qui, à tout instant, m’ont encouragée, accompagnée, réconfortée dans mes choix, par une présence affective sans commune mesure.

Résumé

De 1984 à 1989, la partie sud de la ville de Bucarest (Roumanie) est un vaste chantier. Le pouvoir en place dirigé, depuis 1965, par Nicolae Ceausescu a décidé d’implanter dans le coeur historique de la capitale son nouveau centre politico-administratif : le Centre Civique. Pour le construire, un cinquième de la ville fut détruite et 40 000 personnes ont été dans l’obligation de déménager.

Cet ensemble architectural et urbanistique est conçu comme un tout organique disposant, dans une centralité absolue, les différentes fonctions de l’Etat.

Le propos de la recherche est de saisir le sens de cette construction, qui relève d’un traitement monumental, dans l’univers urbain de Bucarest. Pour ce faire, nous avons entrepris une ethnographie de la construction et de la destruction en nous intéressant aux récits qu’élaborent les Bucarestois de cet espace qui se voulait le lieu du pouvoir absolu. Les aménageurs narrent la construction au quotidien, mettant en exergue les processus de production qui ont présidé à l’émergence de cette monumentalité dans la ville. Les « déménagés », comme ils se nomment, évoquent le surgissement de cette construction dans leur univers. La confrontation des récits nous éclaire sur le sens que tous donnent à l’imposition de cette nouvelle urbanité dans leur univers urbain. Pour cela, ils s’appuient sur les motifs du célèbre récit de fondation : Maître Manole, ballade présente dans l’ensemble de la péninsule balkanique et particulièrement populaire en Roumanie.

Summary

The ethnography of an architectural monument. The narratives of a contemporary foundation : Bucharestis Civic Center (the Civic Center of Bucharest).

From 1984 to 1989 the southern part of the city of Bucharest (Romania) was a vast construction site. The political and administrative power lead from 1965 on by Nicolae Ceausescu decided to implant in the historical heart of the capital city its new center : the Civic Center. In order to achieve this goal, one fifth of the city has been destroyed, and 40 000 people were obliged to move.

This architectural urban complex is conceived as a holistic organic structure, displaying in an absolute centrality the entire array of State functions. The aim of this research is to seize the sense of this construction of a monumental relief in the urban universe of Bucharest. In order to do so, we undertook the ethnography of the construction and deconstruction of this space who claimed the place of the absolute power, emphasising the narratives elaborated by the inhabitants of Bucharest.

The management persons tell the story at present tense, and emphasise the processes of production that presided over the emergence of this monumentality in the city. The removed one, as they call themselves, allude to the resurgence of this construction of these narratives reveals the sense that people give to the imposition of this new urbanity in their own urban universe. In this respect, they often refer to a famous foundation tale : Master Manole, folk ballad present in the whole of Balkan Peninsula, and particularly popular in Romania.

Discipline : Anthropologie

Mots-clès : Bucarest, Centre Civique, urbain, architecture, ethnologie, légendes, récits.