Le fleuve fêté

La Maison du Rhône a publié en 1991 les actes d’un séminaire portant sur le thème de la « Frontière »6, dans lesquels les communications pluridisciplinaires (anthropologie, histoire, géographie, histoire de l’art, psychanalyse) envisagent le fleuve au regard de cette notion.

La question posée par cette publication est la suivante : au-delà de la réalité géographique, le Rhône représente-t-il une frontière ? Les interventions eurent pour résultat l’élaboration d’une hypothèse de travail consistant à dépasser la question d’un fleuve frontière en proposant une approche de cet espace en terme de « culture de fleuve ». André Vincent l’énonce comme : « une culture rhodanienne constituée sur un territoire qui est celui du cours d’eau et de ses rives, qui unirait « par delà le fleuve » les hommes autour d’activités économiques comme de pratiques sociales et culturelles communes »7. Cette hypothèse émise, elle orientera dès lors le programme de recherche et de mise en public de la Maison du Rhône. En octobre 1993 est publié le rapport intermédiaire8 qui présente un bilan des recherches sur le Rhône d’hier et d’aujourd’hui, de ses usages et usagers et dresse plusieurs portraits ethnographiques : l’aménageur, le politique, le pêcheur professionnel, une société de sauvetage, le kayakiste, l’écologiste et les « pénichards »9.

Sur la base de ce travail de terrain et d’analyse, il sera proposé une réorientation de la problématique autour d’une nouvelle question : comment est-on Rhodanien, c’est-à-dire comment appartient-on à cette culture de fleuve ? Ainsi était-il décidé de segmenter la recherche en un certain nombre de thèmes et d’envisager l’appartenance au travers des pratiques de mariage, des contes, légendes, proverbes et pratiques magico-religieuses.

A la même époque, et dans cette perspective de travail, André Vincent est venu à la rencontre des étudiants de maîtrise proposer ces thèmes de recherche. Je décidai de rejoindre l’équipe pour réaliser une étude sur les pratiques magico-religieuses de protection à l’égard du fleuve.

Ce fut la première fois, et non la dernière, que confrontées à la réalité du terrain, mes aspirations initiales se révélèrent stériles, et qu’il apparaissait nécessaire de réorienter le travail. En effet, après avoir pris connaissance aux archives de la ville de Givors des éléments relatifs au domaine du magico-religieux (la Pierre Bénite, St Nicolas, la Croix de marinier), et après plusieurs séances de travail à la Maison du Rhône, je décidai de porter mon attention sur la fête du Rhône.

Notes
6.

La frontière. : unir-diviser. Centre pour une anthropologie du fleuve, 1997.

7.

Ibid. p.7.

8.

Rapport intermédiaire de recherche. Par delà le Rhône. Etude d’une culture de fleuve. Maison du Rhône. Centre pour une anthropologie du fleuve, octobre 1993.

9.

Habitants de péniches rénovées en habitations.