Dès sa constitution, le propos muséographique est étroitement lié à la situation politique du pays et, à ce titre, les différentes appellations qui se sont succédées au cours du temps témoignent des différents régimes politiques qu’ils soient monarchiques, communistes ou post-communistes. Au lendemain de la réunification de la Roumanie et de sa constitution en tant qu’Etat-Nation, l’ambition de A.Tzigara-Samurcas était de montrer grâce aux objets l’unité du pays : ‘« c’est un devoir d’honneur d’une Roumanie qui a enfin retrouvé ses frontières ancestrales que de parachever une oeuvre conçue à une échelle tellement grandiose par l’ancien Royaume, car la réalisation du musée relève de la conscience nationale »’ 15. En 1990, lorsque Andrei Plesu remet l’édifice à la disposition du projet fondateur, l’objectif de la nouvelle équipe consiste à rétablir la continuité avec le projet initial en y incluant une dimension anthropologique dépassant de loin une vision folkloriste du paysan et de son univers.
La période communiste a volontairement négligé la figure du paysan roumain au profit d’une vision idéologisée aboutissant à la négation de l’univers paysan.
En 1993, fut inaugurée la première exposition d’envergure intitulé « La Croix ». La muséologie proposée venait accompagner la démarche de l’équipe : évoquer de nouveau l’univers paysan en adoptant une approche esthétique de l’objet. A la lumière de celle-ci, Gérard Althabe évoque le projet totalitaire de substitution des origines : « ‘l’exposition désigne l’échec de ce projet ; elle marque une continuité historique et culturelle qui a traversé la mise en oeuvre du projet totalitaire. Celui-ci visait justement une rupture dans cette continuité historique et la décomposition de cette culture, or l’exposition est une magnifique mise en scène de son échec’ »16.
Op.cit. p191.
Althabe G., Une exposition ethnographique : du plaisir esthétique, une leçon politique. Une publication du Musée du Paysan Roumain, 1993, p.21.