Dans la partie sud de la Maison du Peuple a été érigé le Ministère des Sciences (annexe photographique n°8) et de l’Enseignement, aujourd’hui siège de l’Académie Roumaine. De facture moins monumentale que la Maison, il devait être le haut-lieu d’Elena Ceausescu, personnage essentiel, sinon principal dans l’histoire de l’édification de cet espace. Ce ministère lui était réservé en raison de ses soi-disantes qualités de savante. Gérard Althabe ironise à propos du statut d’Elena Ceausescu : « ‘Elena Ceausescu présentée comme une savante de renommée internationale, ayant fait des découvertes éminentes en chimie biologique (...) il y a sept lignes pour énumérer les titres universitaires d’Elena Ceausescu’ »37.
Le bâtiment est composé de trois parties : deux ailes enserrent une partie centrale. Cette disposition explique les difficultés rencontrées lors de la construction.
‘« Le centre du bâtiment occasionne beaucoup de problèmes de résistance, parce qu’il y a deux grandes salles de séance qui sont les points les plus faibles, les moins rigides de cette maison. En cas de tremblement de terre, il y a le péril que les deux ailes qui sont très rigides endommagent très sérieusement le centre ». ’Quittant le Ministère, nous redescendons la colline en longeant la façade sud de la Maison du Peuple, côté de la bâtisse réservé au Comité Central du Parti. Pour poursuivre notre visite, nous bifurquons à l’est sur le boulevard Libertatii (de la libération) (annexe photographique n°9). A ce point, nous abordons la quatrième façade de la Maison du Peuple, la plus haute, celle de 83 mètres. A partir de celle-ci, et jusqu’à la limite de l’enceinte, s’étend un espace paysagé en terrasses se terminant par le promontoire. Dans le prolongement de la Maison du Peuple, une place semi-circulaire pouvant contenir jusqu’à 500 000 personnes est bordée en ces pourtours d’immeubles prévus à d’autres ministères.
A partir de ce point s’ouvre la perspective de l’avenue de la Victoire du Socialisme (Victoria Socialismului) (annexe photographique n°10), autre élément principal de cet ensemble. Elle s’étend sur une longueur de 4 kilomètres et une largeur de 120 mètres38. En réalité, l’on peut diviser cette avenue en deux tronçons.
Le premier kilomètre est celui qui concerne la portion boulevard Libertatii, Piata Unirii (place de l’Union).
Sur cette partie comprise entre les ministères et la Piata Unirii, l’ensemble architectural est composé d’immeubles de dix étages constitués principalement de logements destinés aux proches du pouvoir. Une allée de 17 fontaines (annexe photographique n°11) scinde l’Avenue en deux parties comprenant chacune une allée d’arbres de 8,5 mètres de largeur et, de part et d’autre, des allées pavées de mosaïques de 5 et 10 mètres : ‘« le dessin du pavement représente un arrangement contemporain de certains motifs décoratifs traditionnels, selon deux modèles. L’un pour marquer l’axe de chaque fontaine du boulevard de la Victoire du Socialisme, et l’autre modèle de style champêtre ’»39.
Les fontaines aboutissent au niveau de la Place Unirii à un ensemble de fontaines encore plus vaste, formant un rond-point autour duquel s’effectue la circulation. La Place est l’endroit où se rencontre cette partie orientée ouest-est et le reste du centre ville selon une orientation nord-sud avec notamment les boulevards Victoriei et Bratianu (....).
Althabe G. « La ville , miroir de l‘Etat : Bucarest » entretien. Journal des Anthropologues, L’imaginaire de la ville. 61-62, automne 1995. Association française des Anthropologues AFA, p.195
A titre de comparaison, les Champs Elysées ont une largeur de 19,15 mètres. Mais nous aurons l’occasion de voir que ce détail est loin d’être anecdotique.
Ces éléments sont issus d’une note officielle concernant l’aspect esthétique des fontaines « pavages décoratifs. Zone du Centre Civique - Bucarest ».