Le premier ordre d’idées vers lequel nous mène le Centre Civique concerne le binôme architecture et pouvoir. Comme nous le rappelle Georges Balandier : «‘chaque règne, même républicain, marque d’une manière nouvelle un territoire, une cité, un espace public. Il aménage, modifie et organise, selon les exigences des rapports économiques et sociaux dont il est le gardien, mais aussi afin de ne pas être effacé par l’oubli et de créer les conditions de ses commémoration futures’ »66. L’architecture en tant que pratique singulière de l’espace est principalement l’affaire de l’institution d’une société et en cela elle est une question éminemment politique. Dans un premier temps, il ne s’agit pas d’opérer une distinction entre les différentes natures des pouvoirs et de leurs institutions pour évoquer la question de l’architecture et du pouvoir. En effet, on peut considérer que l’architecture a toujours été un moyen d’exprimer le pouvoir et de symboliser l’ordre politique et social d’une société se donnant à voir dans la structure physico-spatiale d’un espace déterminé. L’intention est double de la part du pouvoir dans la production d’un espace : inscrire le projet qui le sous-tend ; rendre ce projet durable au travers de sa matérialisation.
Balandier G. Le pouvoir sur scène. Ed. Balland, Paris, 1980.