Les lieux du pouvoir

Louis Marin, dans un article qu’il consacre à se sujet à partir du même lieu - Versailles -, débute par une distinction qu’il considère capitale ente les notions de lieu et espace. Il considère qu’est lieu « ‘ou relève de la notion de lieu, l’ordre, dans tous les sens du terme, l’ordre selon lequel des éléments sont distribués dans un rapport de coexistence’ »78.

Et plus encore, « tout lieu exhibe une loi » due à la stabilité des positions qui font qu’il y a un ordre. En revanche, il y a espace ‘« quand on prend en considération des vecteurs de direction, des quantités de vitesse, des variables temporelles, des mouvements’ »79. L’espace serait donc la résultante des mouvements. La stabilité serait la caractéristique du lieu ‘« fait de déterminations, par des êtres là, par des présences ’», et le mouvement la caractéristique de l’espace déterminé « ‘par des actions de sujets, de sujets historiques’ ». C’est à partir de la description de deux tapisseries que Louis Marin évoque, à travers la distinction entre la stabilité et le mouvement, la question du lieu et de l’espace. Ces deux tapisseries font partie de l’ensemble consacré à « l’histoire du roi ». La première représentant le Renouvellement de l’Alliance Suisse, évoque la stabilité en la figure d’un roi immobile, il est la loi du lieu. Dans la seconde, symbolisant l’entrée à Dunkerque, le mouvement, acte d’appropriation de l’espace, de spatialisation est marqué par la présence du roi sur une hauteur et pointant à l’aide de sa canne de commandement, la ville dans laquelle il va pénétrer. Le sujet historique (le roi) par l’intermédiaire du trajet de la canne marque la direction de sa puissance en terme d’espace. L’architecture comme signe institue le lieu ou l’espace du pouvoir qui se maintient grâce à ses signes de représentation : ‘« la représentation est pouvoir et le pouvoir est représentation. Le pouvoir politique, le pouvoir d’état, s’approprie les dispositifs de la représentation, il en produit, il en construit, parce que ce dispositif de représentation, se construit lui-même comme puissance d’effet’ »80.

Notes
78.

Ibid. p. 118.

79.

Ibid. p. 118.

80.

Ibid. p. 121.