Etymologie et définitions

D’abord, un peu d’étymologie du terme monument. Le verbe latin monere qui signifie « faire penser », « avertir » a donné le substantif monumentum désignant un monument commémoratif doté d’un épitaphe. Monere est dérivé de la racine indo-européenne men- présente dans les mots de mental, mensonge, mention, démence, commentaire et qui désigne tout phénomène de la pensée. Odon Vallet100 fait remarquer le double sens attaché au verbe monere ‘« l’un tourné vers le passé, avec l’idée d’une intention sollicitée et l’autre, vers l’avenir, qui constitue un avertissement pour les générations futures’ »101. Dans les langues sémitiques, le terme de monument désigne la dimension verticale d’une stèle ou d’un obélisque. L’érection ici renvoie davantage à l’idée d’élévation. Comme le rapporte Odon Vallet, « ‘en arabe, une même racine (nasba) sert également à désigner l’érection de l’homme, la plantation d’une fleur, la statue d’une idole, la stèle administrative ou le monument aux morts : de la borne frontière au mausolée, le monument doit se dresser pour être vu’ »102. Le monument est au centre d’une échelle temporelle dont les deux extrémités seraient le passé et le futur : ‘il est un signe de souvenir autant qu’avertissement pour l’avenir. Il indique une absence passée et en même temps projette cette représentation dans le futur »’ 103.

Notes
100.

Vallet O., « Les mots du monuments : linguistique comparée » in L’abus monumental ?. Actes des Entretiens du Patrimoine. Sous la Présidence de Régis Debray. Editions du Patrimoine, Fayard, 1999.

101.

Ibid, p. 45.

102.

Ibid, p. 46.

103.

Souchier E., « Le monument objet de sémiologie » in Commémorer autrement dans l’espace public ? Ecole Nationale des beaux-arts de Lyon, 1999, p. 29.