Le centre Civique, un objet ethnologique

Lorsque l’ethnologue s’exprime sur l’architecture ou l’urbanisme, c’est en les abordant en tenant, d’une part, une perspective méthodologique qui est au fondement de la discipline - l’ethnographie - et en les considérant, d’autre part, selon une approche théorique qui consiste à réintégrer les phénomènes architecturaux comme un élément significatif d’un fait culturel.

L’ensemble organisé qu’est le Centre Civique peut être considéré comme un objet émanent d’une manifestation humaine. Considérer l’ensemble architectural comme un objet, nous permet de le penser selon le point de vue social et culturel. Les objets ainsi que leur conception et leur production nous informent sur la société dans laquelle ils sont produits. Mais l’objet, au-delà de sa seule existence, peut être considéré comme un fait social. « ‘les objets s’insèrent dans un système plus vaste d’aménagements sous-tendu par un projet de société. Dès lors, ils ne sont que les éléments produits pour conforter ces sociétés dans leurs représentations de la nature à laquelle l’homme n’échappe jamais totalement, leur représentation du social et d’un absolu immanent et transcendant garant du sens’ »138. Denis Cerclet considère que parce qu’ils constituent un langage, les objets « ‘semblent être de bons analyseurs de la façon dont l’homme envisage son être au monde’ » et qu’il s’agit bien « ‘à travers les objets et de la façon dont on les conçoit , de comprendre ce qu’est le social, la culture et les rapports au temps et à l’espace »’ 139. Ici, si les objets sont langage c’est parce que « ‘le langage est pris au sens large. Il inclut la parole et l’écriture, et non seulement les gestes, mais aussi les rites, les cérémonies, les monuments, et les produits des arts industriels et des beaux-arts’ »140. Selon cette proposition, on peut considérer qu’une société se donne notamment à voir à travers ses objets parce qu’ils seraient la formulation d’une certaine conception du monde. ‘« désormais, chacun des objets signifie une conception du monde qu’il formule et reformule tout à la fois. C’est à travers la production d’objet mais aussi de langage que se construisent la société et le rapport au monde qu’exerce au quotidien chacun de ses membres ’»141.

Notes
138.

Cerclet D., « L’objet comme langage. Voir les objets comme des faits sociaux ». Info CREA (Centre de Recherches et d’Etudes Anthropologiques. N°5, 1998.

139.

Ibid. p.

140.

Id.

141.

Id.