La systématisation urbaine

Si la systématisation des campagnes a connu des fortunes diverses, en revanche, la systématisation des villes a été plus efficace. Lieu du pouvoir par excellence, la ville offre d’une part moins de résistance et d’opposition que les campagnes, et d’autre part, représente un lieu privilégié pour accueillir en son sein « l’homme nouveau ». La ville a été, comme le souligne Stéphane Rosière « ‘l’objet des soins attentifs du pouvoir, et a connu une transformation qu’on pourrait qualifier de systématisation rampante dès les années 50. D’énormes cités sont alors édifiées pour accueillir la population paysanne que l’on dirige vers les villes, afin d’industrialiser le pays, d’y créer un prolétariat »’ 160.

L’élément fondamental qui caractérise la nouvelle ville est la construction en son centre d’un « centre civique », ensemble politico-administratif qui doit être le siège des fonctions dirigeantes du pays. Face à ce complexe est toujours prévu une place, qui, lors des manifestations ou célébrations, doit être susceptible d’accueillir plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Si l’on doit à Ceausescu la réalisation effective de la redéfinition des villes, l’idée d’implanter des « centres civiques » au coeur des villes revient à Dimitrie Gusti, fondateur de l’école sociologique roumaine qui, comme nous le rappelle Vintila Mihailescu ‘« envisageait de regrouper les principales institutions du village au centre même de celui-ci, d’une part pour faciliter leur accès aux gens, d’autre part afin des le attirer autour de ce centre vital de leurs activités’ »161. En dehors des critères esthético-politiques (homogénéisation du style architectural, destruction des habitations), on peut mettre au bénéfice de la systématisation des villes leur modernisation.

Notes
160.

Rosière S., op.cit. p. 50.

161.

Mihailescu V., op.cit. p. 39.