L’unique construction

Le sacrifice fait, la construction échappe à la malédiction. En dépit de l’achèvement du monastère, le Prince est inquiet, inquiétude qu’il dévoile aux maçons : « ‘dites-moi sans peur, la main sur le coeur, si votre science peut avec aisance faire pour ma gloire et pour ma mémoire plus beau monastère’ ? ». Son sujet d’inquiétude révélé, les maçons peuvent-ils mettre à profit leur science pour un autre édifice aussi beau que celui-là ? Les maçons lui répondent en choeur, du haut de leur toit : « ‘saches donc, que nous pourrons n’importe où bâtir sur terre plus beau monastère, plus éblouissant et resplendissant !’ ». Bien que le monastère du Prince soit, de l’avis des constructeurs, unique par sa magnificence, leur art et leur talent peuvent se mettre au service d’une autre construction, détruisant en cela le caractère inimitable de l’oeuvre juste achevée.