Un chantier permanent

‘-« Travaillant sans trêve, leur grand mur s’élève ; mais tout travail fait, la nuit s’écroulait » /’ ‘ -« C’est formidable, il n’existe pas un mètre carré qui n’a pas été changé, mais changé complètement».

A l’instar de la ballade, l’image de l’écroulement est métaphoriquement exprimée par le récit des visites hebdomadaires faites par Ceausescu sur le chantier. Elles sont souvent l’occasion de recommencer le travail entrepris durant la semaine. Le chantier évolue au rythme des nouvelles propositions faites par le dirigeant, sans que jamais les constructeurs ne puissent les considérer comme fermes et définitives. Mais l’image de l’écroulement est aussi celle d’un éternel recommencement qui ne peut donner lieu à une oeuvre aboutie, appréhendable et visible. De manière similaire à la ballade, les constructeurs ne peuvent que constater le caractère éphémère de leur construction, et leur impuissance face aux éternels recommencements commandés par le couple. Dans la version moderne, la malédiction qui pèse sur le chantier est incarnée par les dirigeants et leurs visites hebdomadaires. Le chantier titanesque est voué à rester un chantier permanent, vivant aux rythmes des transformations et des extensions du projet.