L’orientation

Le nouvel ensemble se déploie selon une orientation est-ouest en bordure des rives de la Dîmbovita (annexe photographique n°35). Les études relatives à l’histoire du développement de la structure urbaine montrent comment, dès l’origine, la ville de Bucarest s’agence autour d’un axe nord-sud, à partir d’un foyer central composé d’édifices religieux - monastères, églises. La structure radiale concentrique représente donc la forme initiale de la structure urbaine. L’imposition d’un nouvel axe détruit non seulement la trame historique des quartiers, mais provoque des seuils infranchissables lorsque les manipulations urbanistiques - destruction des infrastructures, des routes et des ponts - ne permettent plus de relier ce nouveau quartier au reste de la ville. Dana Harhoiu faisait remarquer dans son ouvrage sur Bucarest303 que les opérations d’aménagement urbain que sont la percée des grands boulevards, avaient respecté la trame historique du centre ville. Le nouveau quartier, lui, s’impose en niant et détruisant les nervures originelles de la ville. Mais surtout il crée les conditions pour que les articulations entre la ville historique, amputée d’une de ces partie, et la nouvelle zone soient compliquées, voire inexistantes. Ce procédé urbanistique permet de désolidariser le nouvel ordre urbain de l’ancien, en imposant une nouvelle légitimé urbaine par le choix d’un axe qui crée une indissoluble rupture. Le choix de l’implantation géographique du quartier n’est pas issu d’une réflexion urbanistique, mais d’un choix idéologique de destruction volontaire des marques historiques de l’évolution de la ville, au profit de l’imposition d’un nouvel ordre. Si jusqu’alors, les opérations urbaines de modernisation avaient réussi à s’intégrer à la morphologie de la ville, la nouvelle zone, elle, est implantée selon un principe d’opposition radicale d’avec la structure initiale.

Notes
303.

Op.Cit.