3 - Rupture ou filiation ?

Un geste architectural de cette ampleur, effectué en aussi peu de temps, selon le procédé de la tabula rasa, peut être le signe de vouloir opérer une rupture forte avec le sens et la nature de la capitale qui s’est formée dans la longue durée.

L’hypothèse de la rupture est validée au regard du traitement urbanistique et de l’implantation d’un axe est-ouest, en parfaite opposition avec l’axe de développement historique de la capitale. De même, la proposition architecturale de concentrer les activités politiques en un seul et même lieu apparaît comme une rupture au regard d’un historique de l’implantation des lieux politiques dans la ville. Mais déjà cette dernière proposition est ambiguë et montre les failles de l’hypothèse d’une rupture radicale et absolue. Elle contient en elle-même son invalidation attendu que cette proposition d’un recentrement des activités politiques en un même site est déjà proposée dans le mémoire justificatif du plan de systématisation de 1935. La filiation de la construction de 1984 avec des propositions d’interventions urbaines antérieures est manifeste et le geste de Ceausescu s’inscrit dans la poursuite d’une réflexion engagée depuis longtemps sur la modernisation de la ville. Malgré une continuation qui apparaît à première vue comme évidente, ne subsiste-t-il pas des divergences dans le traitement de 1984 qui font apparaître le nouveau centre civique comme un détournement des principes originaux ?