1) La confrontation des récits

Une tension

De la confrontation des récits naît une tension, tension au centre de laquelle est le monument et les valeurs qu’on lui assigne. Deux imaginaires se font jour au fil de la narration. Un imaginaire politique issu d’une « minéralité textuelle » qui s’exprime au travers du récit que représente l’agencement du nouveau centre polico-administratif, récit dont j’ai tenté de donner une lecture de son contenu cosmogonique. Un imaginaire urbain qui s’élabore à partir d’un fond « mythologique » issu d’un patrimoine collectif. De ces deux récits émane un ensemble de valeurs qui s’opposent plutôt qu’elles ne se complètent.

La tension révélée par les récits de construction et de destruction marque encore une fois la césure présente dans la société roumaine de cette époque. D’un côté, le Centre Civique est lui-même le récit de valeurs politiques qui, en absolutisant l’espace autour de la figure d’un seul homme et de son omnipotence, tend à substituer sa valeur collective au profit d’une valeur individuelle. A l’inverse, les récits de construction sont réinterprétés à la lumière d’un patrimoine légendaire collectif qui permet à tout un chacun de se réapproprier cette étape de la construction de leur ville.