Individuel - collectif

La tension contenue dans les récits de la construction du Centre Civique exprime, d’une autre manière, une dichotomie vécue au sein de la société roumaine. En effet, le rapport qui s’exprime à travers les récits est celui d’une dualité entre destin individuel et destin collectif. Cette dualité est contenue dans les imaginaires que provoque le Centre Civique. D’un côté, le processus de la construction tel qu’il apparaît au travers de l’ethnographie met en avant une réappropriation collective de la construction par le recours à des motifs légendaires appartenant au patrimoine de la littérature orale roumaine. Face à cela, on trouve un ensemble qui se construit selon le modèle d’une oeuvre personnelle à usage strictement individuelle. Il fut conçu sur la soustraction du patrimoine urbain collectif et dans une logique d’appropriation totale de l’espace. L’ensemble enserre dans une solitude architecturale et urbanistique le pouvoir et l’homme qui le porte dans une configuration d’isolement volontaire. Le pouvoir s’érige seul, blindé dans une enveloppe d’acier indestructible. Le Centre Civique symbolise la force du pouvoir contenu dans l’acier face à la malléabilité de la masse qu’il doit accueillir.

De cette confrontation des récits, dont il ressort une dualité entre destin individuel et destin collectif, il apparaît qu’il faut revenir aux sources de ce travail et de l’interrogation qui le fonde : le monument. Le monument est au coeur de cette tension et de cette dualité. C’est bien à partir du monument que nous proposons un troisième niveau de lecture de cet ensemble architectural et urbanistique.