De quel récit le Centre Civique est-il porteur ?

Alors, que penser d’un monument décrit par la majorité, comme un « monstre » ? Qu’en est-il d’un monument rejeté par une grande partie de la population ? Qu’il s’agisse de paroles orales ou bien de propos écrits, chacun y va de sa verve pour exprimer la monstruosité qu’il incarne. Au lendemain des événements de décembre 1989, les Bucarestois ont fait la queue pendant des heures pour visiter ce « palais du fou ». Ils ont eu une démarche identique envers les autres demeures du couple où quelque fois des scènes de pillages ont eu lieu. Dernièrement encore, une vente aux enchères a réuni les effets du couple. Que penser de cette fascination qu’exerce les attributs - demeures et affaires personnelles - sur les personnes qui en ont eu le plus à souffrir ? Doina Petrescu associe dans un même mouvement la logique du merveilleux et celle du monstrueux en évoquant le Palais du Peuple : ‘« pour ce bâtiment, qui est la caricature même du monument « intentionnel », la logique du merveilleux se confond avec la logique du monstrueux (...) Il est clair que la force de séduction d’un tel monument a certainement quelque chose à voir avec la fascination qu’exercent les monstres ’»350.

Notes
350.

Petrescu D., « Sur vivre » in Commémorer autrement dans l’espace public ? Ecole Nationale des Beaux-arts de Lyon, 1999, p. 99.