La réflexion bénéficie toujours des détours qu’elle provoque et qui, bien loin de l’éloigner de son objet, l’étoffe. Interrogeant les catégories d’espace et de lieu, André Micoud procède ainsi lorsqu’il fait un détour par le haut lieu en tant que catégorie dans la mesure où : « ‘dans l’analyse de la production sociale de quelques hauts lieux répertoriés, on pourrait trouver des instruments pour penser à nouveaux frais les formes modernes d’instrumentation de la croyance (ou de l’adhésion), mises en oeuvre dans ces nouvelles techniques politico-symboliques de régulation des contradictions sociales’ »354. Le haut lieu intervient dans l’interrogation initiale sur la relation entre le fond et la forme visible car, écrit l’auteur, : ‘« figurant l’avènement d’un nouvel espace interprétatif, et (ou) le rendant possible (...)’ »355.
La question essentielle qui anime l’ensemble de cette recherche consiste à essayer de comprendre la nature du nouveau quartier dans l’univers urbain de Bucarest. La description du processus de construction et de destruction qui lui a précédé révèle la construction d’une série de récits concernant l’espace nouvellement investi. Récits auxquels s’ajoutent l’inscription spatiale d’un autre récit, celui d’un projet politique et idéologique minéralement inscrit dans la pierre.
Micoud A., « La production symbolique des lieux exemplaires » in op.cit, p. 10.
Ibid. p.11.