« Le haut lieu est le point central d’un événement fondateur »

Incontestablement, l’édification de l’ensemble en général et du Palais du Peuple en particulier marque le point architectural d’un événement fondateur. Le Palais du Peuple dans son contenu métaphorique en tant qu’imago mundi dépasse de loin le seul événement contenu dans le programme de systématisation du territoire, mais est un acte de fondation d’un nouveau projet. A l’instar du Monastère de Maître Manole, l’intégralité des valeurs qu’il porte est contenue dans le bâtiment et se suffise à elles-même. Nul besoin des les considérer dans un projet de territoire global, mais au contraire, il faut envisager le bâtiment dans le soliloque qu’il propose. L’acte fondateur dont il est porteur semble se résumer à la solitude de l’autoréférence absolue du pouvoir. Dans son enceinte le pouvoir s’isole, indestructible, à l’instar des matériaux qui le composent. Les contreforts à la manière des forteresses, conjugués à la Dîmbovita telle des douves, enserre l’image du pouvoir.

L’imago mundi contenue est celle d’un pouvoir qui s’autonomise de plus en plus par la soustraction et l’isolement. La seule ouverture qu’il s’octroie est celle offerte par la perspective de l’Avenue de la Victoire du Socialisme qui, comme son nom l’indique, est une brèche ouverte sur l’avenir de la nation roumaine. La voix sur laquelle le pays est engagé est celle d’une accentuation et du repli du pouvoir sur lui-même. Mais il s’agit ici d’un pouvoir incarné. L’acte fondateur est donc bien celui qui pose comme principe une relation non altérable entre Nicolae Ceausescu et le pouvoir. Le Palais du Peuple représente bien l’enveloppe minérale, non pas d’un projet politique : une « société socialiste multilatéralement développée », mais une figure, figure dans laquelle se confond l’homme et la fonction.