Les propos de Gérard Althabe indique, sans ambiguïté, la nouvelle direction théorique dans laquelle pourrait s’engager le Centre Civique. De lieu de pouvoir, il se transforme sous la pression de la transition en lieu de mémoire. Le Centre Civique porte en son sein des disparitions : la disparition du couple qui l’a édifié, la disparition du projet qui l’a sous-tendu. Ces disparitions sont relativisées du fait de l’affectation des bâtiments qui suivent le projet originel. Mais le Centre Civique est aujourd’hui pris dans une dynamique qui l’inscrit dans l’avenir au travers du nouveau traitement urbanistique dont il est l’objet. Deux assises temporelles - passé et avenir - fondent son existence actuelle. Pierre Nora définit les lieux de mémoire ainsi : « ‘lieux donc, mais lieux mixtes, hybrides et mutants, intimement noués de vie et de mort, de temps et d’éternité ; dans une spirale du collectif et de l’individuel, du prosaïque et du sacré, de l’immuable et du mobile’ »363. Le Centre Civique est pris dans la configuration des dynamiques qui agitent le pays. Le lieu de mémoire est dynamique parce qu’il est à l’intersection de ces deux temporalités qui fondent un changement emprunt d’une permanence : « ‘car s’il est vrai que la raison d’être fondamentale d’un lieu de mémoire est d’arrêter le temps, de bloquer le travail de l’oubli, de fixer un état des choses, d’immortaliser la mort, de matérialiser l’immatériel (...) pour enfermer le maximum de signes, il est clair, et c’est ce qui les rend passionnants, que les lieux de mémoire ne vivent que de leur aptitude à la métamorphose, dans l’incessant rebondissement de leurs significations et le buissonnement imprévisible de leurs ramifications »’ 364. Le lieu de mémoire est un objet dynamique dans la mesure où il conjugue témoignage du passé et potentialités de recomposition à partir de schèmes actuels. ‘« Mais ce qui en fait dse lieux de mémoire est ce par quoi, précisément, ils échappent à l’histoire. Templum : découpage dans l’indéterminé du profane - espace ou temps, espace et temps - d’un cercle à l’intérieur duquel tout compte, tout symbolise, tout signifie. En ce sens, le lieu de mémoire est un lieu double ; un lieu d’excès clos sur lui-même, fermé sur son identité et ramassé sur son nom, mais constamment ouvert sur l’étendue de ses signification’ »365. Aujourd’hui, la question sur le devenir du Centre Civique reste entière. Il conjugue toutes les composantes d’une redéfinition de celui-ci en lieu de mémoire. Il est donc potentiellement un lieu de mémoire
Nora P., « Entre mémoire et histoire. La problématique des lieux » in Les lieux de mémoire. Tome 1, Gallimard, Quarto, p. 38.
Ibid.
Ibid. p. 43.