L’analyse des phénomènes urbains focalise l’attention [Asher, 1999 ; Damette, 1994 ; Spector, 1998 ; Veltz, 1996]. Cet intérêt est tout à fait logique, dans la mesure où la majorité des habitants de la planète vit désormais en ville [Fujita et al., 1999]. En France, cette proportion atteint 80% [Raoult, 1997]. Surtout, le fait urbain, en tant que mode de vie, culture, mais aussi dysfonctionnements, imprègne de façon croissante nos sociétés [Pumain, 1994]. Les plus grandes agglomérations font l’objet d’une attention spécifique, dans le cadre des travaux sur la métropolisation [Lacour, Puissant, 1998]. Les angles d'approche sont nombreux : sociaux [Bassand, 1997], économiques [Sassen, 1995], politiques [Goze, 1997], etc. Nous nous intéressons ici à la dimension économique, par le biais des dynamiques de localisation des entreprises, qui renvoient en fait à deux types d’évolutions. Le premier relève des processus d’urbanisation, de croissance urbaine 2 , de hiérarchie interurbaine, et de spécialisation/diversification des villes. Il est sans doute celui qui a été le plus étudié, même si une consultation récente d’experts internationaux souligne le fait que subsiste une grande diversité d’avis sur la question [Lacour, Puissant, 1998 ; Puissant, 1997]. Le second s’exerce à une échelle plus réduite - l’espace interne des métropoles -, mais concerne des mutations tout aussi fondamentales, tant par leurs formes que par leurs conséquences. En effet, l’éclatement de la “ classique ” structure monocentrique en un schéma multipolaire conduit non seulement l’économie urbaine à reposer des questions essentielles, tant sur un plan théorique (qu’est-ce-que la centralité? [Lacour, Gaschet, 2000]), qu’empirique (comment identifier un pôle en périphérie ?), mais également à recourir à de nouvelles modélisations des espaces intraurbains [Boiteux, Huriot, 2000-a et 2000-b]. Cette dimension, moins explorée que la précédente, est par conséquent au centre de notre questionnement.
“ L’urbanisation désigne la croissance relative plus rapide des populations urbaines par rapport aux populations rurales. [...] Il ne faut pas confondre urbanisation avec croissance urbaine ou croissance des populations urbaines. La croissance urbaine renvoie à l’augmentation, en nombre ou en pourcentage, de la population urbaine. [....] urbanisation et croissance urbaine vont souvent de pair ” [Polèse, 1992, 743].