2. Différentes formes de multipolarisation ?

Comme l’explique F. Gaschet [1999], l’analyse de la littérature amène à conclure que deux types de transformations sont envisageables.

Le premier engendre une métropole “ multimonocentrique ”, où le centre historique est mis en concurrence non pas avec de “ simples ” pôles, mais avec de véritables centres, c'est-à-dire des sous-espaces qui présentent l'ensemble des attributs de la centralité (cf. partie 1). Ce type de transformations relève cependant plutôt de très grands espaces urbains, et semble correspondre aux métropoles américaines. Il permet d’envisager soit un maintien du centre historique, mais vraisemblablement dans une situation de concurrence entre les différents centres, soit son déclin. Une telle évolution est malgré tout susceptible de paralyser le développement de la métropole tout entière, dans la mesure où croissance centrale et croissance périphérique sont intimement liées [Stegman, Turner, 1996 ; Voith, 1998-a]. Il peut alors être nécessaire de programmer une revitalisation du centre historique, en misant sur ses atouts spécifiques que sont notamment sa localisation stratégique, la taille de son marché et ses ressources humaines [Porter, 1995].

Le second type de transformations conduit lui aussi à la formation de pôles en périphérie, mais ces derniers sont spécialisés et le centre historique maintient une certaine domination, même s’il évolue, puisqu’il n’a plus le monopole de certaines fonctions. R.W. Helsley et A.M. Sullivan [1991] produisent ainsi plusieurs modèles de développement d’une ville multipolaire selon la nature des différences entre le centre et le pôle secondaire 7 . Des écarts en termes de technologies de production (en faveur du centre) conduisent au développement à la fois du centre et du pôle, mais le premier demeure toujours plus productif et de taille plus importante que le second. Le pôle ne peut donc prétendre dans ces conditions rattraper et reproduire la taille et les avantages du centre. Les conclusions sont identiques lorsque l’on introduit des différences en termes d’économies externes, en supposant qu’elles sont générées exclusivement par le centre, et que le pôle peut seulement en profiter. Finalement, dans la ville polycentrique où le centre historique continue de jouer un rôle dominant, une complémentarité fonctionnelle globale demeure, malgré un certain éclatement des activités urbaines [Lacour, 1996].

Notes
7.

Sous l’hypothèse que ce sont les autorités locales qui affectent de façon optimale les agents à l’une ou l’autre des localisations.