Partie 1
Les services aux entreprises
au coeur des dynamiques intramétropolitaines

Introduction

Les transformations des configurations intramétropolitaines s’inscrivent à la fois en continuité et en rupture par rapport aux périodes précédentes. Il existe une certaine continuité dans la mesure où les évolutions, quelles qu’elles soient, s’appuient nécessairement sur les structures mises en place au cours des siècles. Dans le cas des métropoles européennes, le centre historique joue ainsi un rôle déterminant dans l’agencement des localisations [Ingram, 1998 ; Le Gléau et al., 1996]. La rupture concerne essentiellement les modes de développement de ce centre et de la périphérie. Cette dernière, longtemps définie comme étant seulement tout ce qui n’est pas le centre [Reynaud, 1992], connaît l’émergence de pôles qui sont susceptibles à terme de concurrencer et donc de menacer la position dominante de ce dernier. Réfléchir sur les dynamiques actuelles implique donc de porter une attention renouvelée aux thèmes du centre et de la centralité [Lacour, Gaschet, 2000], et parallèlement, comme l’a souligné un récent forum organisé dans la métropole lyonnaise 21 , de changer de regard sur l’espace périphérique, de manière à prendre en compte non seulement son hétérogénéité spatiale et structurelle, mais aussi la mesure de son importance dans le développement et le fonctionnement global urbain.

Dans un premier chapitre, nous précisons les interactions qui existent entre la structure intraurbaine et les stratégies spatiales des activités économiques : par leurs choix de localisation, ces dernières contribuent en effet à dynamiser certains espaces, au détriment d’autres. La littérature désigne généralement les lieux de forte concentration sous le terme de pôle, voire de centre, sans toujours faire la distinction entre ces notions. Une telle différenciation nous semble pourtant indispensable dans le cadre des réflexions sur la nature de la multipolarisation. Pour comprendre les comportements spatiaux des entreprises, il est par ailleurs nécessaire de conduire une analyse des logiques qui président à leur dispersion ou au contraire à leur agglomération au sein d'un espace urbain [Fujita, Thisse, 1997 ; Tabuchi, 1998]. Nous nous référons pour cela aux résultats de la Nouvelle Economie Urbaine, mais aussi et surtout aux récents développements de l’Economie Géographique. Dans un second chapitre, nous nous intéressons spécifiquement au secteur des services aux entreprises. Il s’agit de comprendre comment ces activités, en très forte croissance, se localisent au sein d’une métropole, et dans quelle mesure elles contribuent à en structurer l’espace interne. En écho aux réflexions développées dans l’introduction générale, la question centrale est non seulement de déterminer si ces services s’inscrivent dans les dynamiques d'étalement urbain et de multipolarisation, ou s’ils en constituent au contraire un frein, mais également d’évaluer quel rôle ils assurent vis à vis du centre historique. Pour cela, nous nous attachons à mettre en évidence, sur la base de modèles et d’études récentes, les facteurs qui gouvernent leur comportement spatial en intraurbain. Ces facteurs seront mis à l'épreuve dans les deux parties suivantes.

Notes
21.

“ Changer de regard sur le périurbain ”, forum organisé le 8 juin 2000 à Charbonnières-les-Bains à l’initiative de la Région Urbaine de Lyon.