D. Les confirmations empiriques

L'observation des grandes villes permet de valider l’existence mais également l’influence du centre historique sur la structure des localisations [Mills, 1992]. C. Clark, au début des années cinquante, a le premier formalisé une relation entre densité et distance au centre, à travers l’étude de trente-six villes dans le monde de 1801 à 1950. Il a montré que “ les densités de population décroissent selon une fonction exponentielle 25 dans le temps et dans l’espace ” [Derycke, 1982-a, 244]. Dans le même ordre d’idées, R. Bussière [1972] a travaillé sur plusieurs villes d’Europe en raisonnant sur la population cumulée 26 . Sa formulation initiale a été par la suite améliorée par l’introduction d’un paramètre visant à tenir compte des effets des infrastructures de transport 27 [Bonnafous, Tabourin, 1996]. P.Y. Péguy [2000] a repris récemment ces analyses et les a appliquées avec succès aux plus grandes aires urbaines 28 françaises. Les densités d’emplois [Berroir, 1996-a  ; Grimaud, 1988], ou encore d’établissements [Buisson et al., 2001], sont, elles aussi, caractérisées par une décroissance de leurs effectifs à partir du centre historique. On peut par ailleurs mettre en évidence que les valeurs foncières sont plus élevées au centre qu’en périphérie [Coolos, Chaabouni, 1996]. Dans une certaine mesure, l’hypothèse du CBD de la Nouvelles Economie Urbaine est donc bien vérifiée.

Pour autant, ces résultats n’autorisent pas, ou plus, à valider le schéma centre/périphérie dans sa signification initiale, à savoir celle où le centre regroupe l'ensemble des fonctions administratives, culturelles et de services (de haut niveau), tandis que la périphérie accueille des fonctions banales. (graphique I-2). Car, même si le centre historique joue visiblement toujours un rôle dominant, des pôles sont susceptibles de se développer, et d’affecter de manière profonde la structure intraurbaine.

Graphique I-2 : Le schéma classique centre/périphérie
Graphique I-2 : Le schéma classique centre/périphérie
Notes
25.

La formulation de C. Clark peut s’écrire sous la forme : D(x) =  e-yx, où D(x) est la densité résidentielle, D0la densité extrapolée au centre, x la distance au centre et y le gradient de densité, c’est-à-dire le taux de variation de la densité selon la distance au centre, qui modélise l’intensité du phénomène de périphérisation [Mills, 1992].

26.

P(x) = 2ΠD0/y²[1-(1+yx)e-yx], où P(x) est la population cumulée comprise dans un rayon inférieur ou égal à x.

27.

P(x) = 2ΠD0/y²[1-(1+yx)e-yx] + Kx, où K est une constante.

28.

Cf. définition des aires urbaines en partie 2.