2. Métropole multipolaire ou “ multimonocentrique ” ?

Comme nous l’avons évoqué dans l’introduction générale, ces réflexions suggèrent que deux grandes catégories de structures multipolaires sont envisageables. Dans la première, les pôles ne sont effectivement que de “ simples ” pôles, sous-entendu des sous-espaces de concentration privilégiée, mais de taille très inférieure au centre historique. Surtout, ils sont spécialisés dans un seul type d’activité, ces dernières pouvant malgré tout relever d'activités auparavant typiquement centrales [Fuji, Hartshorn, 1995]. De tels pôles se sont ainsi constitués autour de la fonction marchande avec les centres commerciaux [Fellmann, Morel, 1998 ; Lowe, 2000] et les marchés de gros, comme celui de Rungis en région parisienne, ou encore autour d'une université (graphique I-3). On obtient finalement une forme urbaine que C. Lacour [1996] désigne par monocentrique dérivée, dans la mesure où ces pôles ne sont pas autonomes et subissent l’influence du centre, même s’il peut en résulter une disjonction entre le centre et la centralité, puisque cette dernière s’exerce désormais à une échelle plus vaste [Lacour, Gaschet, 2000]. Dans la seconde catégorie, les pôles, ou du moins certains d’entre eux, montrent une capacité à développer une base économique diversifiée et fortement tertiaire, atteignent une certaine taille et ont donc un poids significatif au sein de l’espace urbain. Ils développent ainsi une réelle autonomie, de sorte que l’on peut parler de métropole “ multimonocentrique ”, articulant plusieurs centres, que le centre historique demeure le sous-espace plus important [Anas et al., 1998] ou qu’il soit au contraire en perte de vitesse [Porter, 1995].

Graphique I-3 : Vers une métropole multipolaire
Graphique I-3 : Vers une métropole multipolaire