2. Les tendances centrifuges

Comment expliquer que certaines activités quittent le centre pour aller s'implanter en périphérie ? Les modèles prennent en compte différentes forces de dispersion, en particulier des déséconomies externes : problèmes liés à la congestion du trafic routier [Freestone, Murphy, 1998; Voith, 1998-b], à la promiscuité, etc. Un désavantage peut également résulter du fait que les coûts de localisation sont généralement plus élevés au centre. La décentralisation des entreprises du secteur industriel semble d'ailleurs dans une large mesure consécutive à la recherche de prix fonciers moindres en périphérie [Ninnin, 1986]. Plusieurs modèles, comme celui de M.J. White [1976], font également l’hypothèse que les salaires sont plus élevés au centre, la contrepartie pouvant en être l'existence d'un moins grand choix de travailleurs en périphérie. Une telle hypothèse est malgré tout à notre avis assez peu crédible à l’échelle des espaces intramétropolitains européens, et de manière générale on peut douter que la répartition de la main d’oeuvre au sein d’une agglomération urbaine soit réellement un facteur pris en compte par les entreprises lorsqu’elles choisissent une implantation, notamment dans un contexte de chômage durable et où la majorité des personnes ont accès à une voiture. Plus crédible nous semble l’hypothèse selon laquelle la périphérisation de la population, en tant que clients potentiels, et non main d’oeuvre, peut inciter des activités à quitter le centre historique [Alperovich, Katz, 1988 ; Goffette-Nagot, 2000]. Dans le même ordre d’idées, la périphérisation croissante et progressive des autres entreprises, qu’elles constituent des clients ou des fournisseurs, nous semble pouvoir constituer une force centrifuge majeure. Ces facteurs favorisent en outre la mise en place de processus circulaires : la croissance de la demande en périphérie conditionne l’arrivée de nouvelles entreprises, qui, à leur tour, induisent une augmentation de la demande locale.