D. L’influence de l’extension des aires de marché en périphérie

Dans un article récent, M. Fujita et al. [1999] expliquent la mise en place d’un système de villes comme le résultat direct de la croissance de la population et de l’extension spatiale du marché : les activités ont intérêt à se décentraliser à partir d’un seuil, afin de satisfaire la nouvelle demande en périphérie. C. Boiteux et J.-M. Huriot [2000-b] suggèrent de transposer ce modèle à la formation d’une structure urbaine polycentrique. Au départ, seul le CBD développe des activités de conception et d’exécution. Il croît jusqu’à un certain niveau, puis des pôles secondaires émergent, accueillant seulement des activités de réalisation. La poursuite de la croissance urbaine entraîne l’implantation d'activités de conception dans ces pôles secondaires, qui vont alors devenir des centres. Ce processus dynamique constitue d'ailleurs une piste intéressante d’explication du développement des “ edge cities ”.

Surtout, ce type de modèles nous ramène à la question de l’importance de la périphérisation de la clientèle dans le processus de desserrement spatial des activités économiques. Cet élément semble en outre largement plausible dans le cas des services aux entreprises, du fait de l’importance que peuvent revêtir les besoins de contacts. L’extension des aires de marché en périphérie est donc a priori un des facteurs susceptibles d’entraîner la décentralisation de ces activités, ou du moins de celles qui ont une aire de marché essentiellement locale, et située principalement hors du CBD, hypothèse que semblent d'ailleurs corroborer les études évoquées précédemment.

Ces différents modèles d’économie urbaine permettent de mettre en valeur un certain nombre de critères propres à expliquer les logiques spatiales intraurbaines des services aux entreprises : il s'agit des coûts d'implantation, de la nécessité de l’accès aux clients voire à d’autres entreprises, de la répartition de la main d’œuvre, ainsi que de la prise en compte d'éléments plus qualitatifs. L’influence réelle et l’existence d’une hiérarchie entre ces éléments peuvent être testés de manière précise grâce aux enquêtes sur les facteurs de localisation.