C. Une spatialisation délicate mais insuffisante des facteurs de localisation

Spatialiser ces facteurs consiste à évaluer s’il existe des différences de sensibilité entre les sous-espaces urbains. En fait, peu de travaux font explicitement référence aux stratégies de localisation dans les éventuels pôles mis en évidence : la plupart des études raisonnent principalement selon la dichotomie centre/périphérie, qui souffre d’évidentes limites dans un contexte de multipolarisation [May, 2000-b].

P.W. Daniels et S. Churchward concluent ainsi que “ les entreprises localisées au centre-ville et dans les faubourgs se localisent globalement selon les mêmes critères ” [Daniels, Churchward, 1998, 135]. Cela tend à prouver qu’un élément important dans la réorganisation des localisations est l’apparition en périphérie de certains avantages qui étaient auparavant réservés au seul centre historique. Nous n’avons en revanche pas trouvé de résultat probant concernant les éventuelles différences de sensibilité en matière de coûts fonciers entre le centre et la périphérie, bien que les variations soient réelles [Monnoyer-Longé, 1996]. En revanche, les auteurs relèvent quelques écarts significatifs parmi les facteurs les moins fréquemment cités. Ainsi, le centre est plus souvent valorisé en termes de qualité des locaux et de prestige, car il est généralement considéré comme un élément de l’image de marque vis-à-vis des clients [Ninnin, 1986; Terrier, 1996]. Ces résultats confirment le fait que l'attraction des services aux entreprises en périphérie doit passer par le développement d'une offre de qualité.

Parmi les études que nous avons consultées, seuls A. Aguiléra-Bélanger et al. [1999] comparent les éléments les plus appréciés par les établissements au centre de l’agglomération (lyonnaise) et dans ses différents pôles. Les auteurs soulignent en particulier l’importance de l’existence d'avantages spécifiques sur la commune de Lyon, comme la proximité à la gare TGV, ainsi que de critères d’attraction propres à chacun des pôles, notamment l’accès aux principaux axes de transport. Nous reprendrons ce type d’approche en troisième partie de ce travail.

L’analyse spatialisée des facteurs de localisation se révèle tout de même globalement décevante. Outre les limites du découpage centre/périphérie, la faiblesse des résultats provient essentiellement du fait que les services aux entreprises sont tous considérés sur le même plan. Nous faisons référence en particulier au type de prestation, ou encore aux caractéristiques de l’aire de marché. Intuitivement, il paraît logique de supposer que les entreprises exportatrices ne vont pas forcément avoir les mêmes besoins en termes d’accessibilité, et donc d’infrastructures de transport, que les autres. Il nous semble important de tenir compte de cet aspect lorsque l’on exploite ce type d’enquête.