Les établissements sont globalement plus concentrés que la population, conformément à ce qui est généralement observé dans les grandes agglomérations urbaines [Ingram, 1998]. En 1996, 84,2% d'entre eux sont situés à l’intérieur du pôle urbain, 76% dans le seul Grand Lyon, et un peu plus de 46% (soit 10% de plus que les habitants) dans les communes-centre. Les établissements comptant plus d’un salarié, soit 54%, se révèlent encore un peu plus concentrés : 87% sont localisés dans le pôle urbain, et 48% au centre. Une étude récente des migrations alternantes dans la métropole lyonnaise montre que les non salariés travaillent en fait très souvent dans leur commune de résidence [Andan et al., 1999], ce qui peut expliquer que les établissements sans salarié sont plus dispersés, conformément à la population.
La carte 2-4 indique que les sous-espaces privilégiés sont globalement les mêmes que pour les habitants. Il existe d'ailleurs un lien entre la populations d'une commune et le nombre d’établissements qui y sont localisés, comme le montre le tableau 2-8. Cela signifie que les plus grosses communes (plus de 10 000 habitants) sont sans surprise celles qui accueillent l’essentiel des activités métropolitaines.
| moins de 2 000 | 2 001 à 5 000 | 5 001 à 10 000 | 10 000 à 60 000 | centre | |
| nb de communes | 121 | 69 | 26 | 21 | 2 |
| nb d’établissements moyen par commune | 52 | 171 | 361 | 1038 | 21 054 |
| Source : INSEE, SIRENE et RGP99 test de Fisher significatif au seuil de 1% |
|||||
Hors du centre, les principaux lieux de concentration de l'économie lyonnaise sont la proche banlieue est, sur laquelle d’importantes zones industrielles ont été mises en place dans les années soixante, ainsi que la proche banlieue sud, où sont implantées les activités liées à la chimie. A l’ouest, les communes sont moins bien dotées, notamment parce que le relief, plus vallonné, rend l'accès plus difficile, bien que la récente mise en place du tronçon nord du périphérique (TEO 64 ) ait amélioré la situation. En périphérie plus lointaine, nous pouvons noter, comme pour la population, l’influence de la proximité des centres secondaires, notamment dans et autour de Givors et de Chasse-sur-Rhône, communes de vieille tradition industrielle, ainsi que dans et à proximité de la ville nouvelle de L’Isle d’Abeau.
Comment ont évolué ces localisations depuis 1982 ? A cette date, l’aire urbaine de Lyon comptait 83 553 établissement ; elle en accueille 91 400 quatorze ans plus tard, soit une progression de plus de 9%. Cette évolution globale masque en fait une augmentation entre 1982 et 1990 (+17,3%), suivie d’une diminution conséquente (-7%) entre 1990 et 1996, liée au ralentissement économique qu’a connu la France au début des années quatre-vingt dix.
Les dynamiques ont été très différentes entre le centre, qui a perdu 7,6% de ses établissements sur la période, et la périphérie, où la croissance a atteint 29%. La baisse a été particulièrement sensible dans les premier et second arrondissements, c’est-à-dire l’ancien hypercentre, concurrencé depuis la fin des années soixante-dix par la Part-Dieu 65 (3ème et 6ème arrondissements). Seul le neuvième arrondissement, c’est-à-dire le quartier de Gerland, ancien marché aux bestiaux où les pouvoirs publics ont favorisé le développement d’activités liées aux bio-technologies, s’est montré véritablement dynamique (tableau 2-9). En conséquence, la part de Lyon et Villeurbanne au sein de la métropole a notablement diminué, passant de 54,2% en 1982 à 46,1% en 1996 : ainsi, dès 1990, moins de la moitié des établissements de l’aire urbaine (49,6%) est implantée au centre.
| 1er arrdt | 2ème arrdt | 3ème arrdt | 4ème arrdt | 5ème arrdt | 6ème arrdt | 7ème arrdt | 8ème arrdt | 9ème arrdt | Villeurb | |
| 1982 | 4085 | 6490 | 7542 | 2208 | 2103 | 5995 | 4607 | 2610 | 2377 | 7298 |
| 1996 | 3160 | 5340 | 7185 | 1977 | 2173 | 5193 | 4940 | 2488 | 2781 | 6871 |
| évolution 82/96 | -22,6% | -17,7%- | -4,7% | -10,5% | 3,3% | -13,4% | 7,2% | -4,7% | 17% | -5,8% |
| Source : INSEE, SIRENE | ||||||||||
En périphérie, comme pour la population, la progression a été particulièrement spectaculaire en couronne périurbaine (tableau 2-10). Cette dernière a gagné près de 5 000 établissements en quatorze ans, soit plus de 50%. Mais le pôle urbain (hors centre) a connu lui aussi une croissance conséquente (+21,4%), ce qui fait que son poids s’est renforcé sur la période, passant de 34,4% à 38,2%.
| total | centre | pôle urbain hors centre | couronne périurbaine | |
| nb en 1982 | 83 553 | 45 315 | 28 734 | 9 504 |
| nb en 1996 | 91 400 | 42 108 | 34 884 | 14 408 |
| évolution 82/96 | 9,4% | - 7,6% | 21,4% | 51,6% |
| poids en 1982 | 100% | 54,2% | 34,4% | 11,4% |
| poids en 1996 | 100% | 46,1% | 38,2% | 15,7% |
| Source : INSEE, SIRENE | ||||
Cet étalement spatial progressif est bien matérialisé par le graphique 2-1, qui fait apparaître la répartition cumulée des établissements (tous secteurs confondus) en fonction de la distance au centre de Lyon 66 . On constate ainsi qu’en 1982 80% des établissements de l’aire urbaine sont implantés à moins de 12 kilomètres du centre de Lyon, contre près de 15 kilomètres seulement quatorze ans plus tard.
L’étalement spatial des établissements est donc réel et conséquent, même s’il s’effectue plus en faveur du pôle urbain (hors centre) que ne le fait celui des habitants. Cela témoigne d'un besoin plus important en termes d'économies d'agglomération générées par la zone dense de la métropole, et notamment par son centre.
TEO = Trans Est Ouest.
Le centre d'affaires de la Part-Dieu a été construit entre 1967 et 1977.
Distance calculée à vol d’oiseau à partir de la préfecture de Lyon.