2. Typologie des communes en 1996 et comparaison avec celle de 1982

A l’issue d’une Analyse en Composantes Principales, nous retenons les quatre premiers axes, qui expliquent 82,1% de la variance. Les interprétations sont très proches de celles de la typologie de 1982, hormis pour le quatrième axe. C’est ainsi que le premier oppose une spécialisation dans les activités agricoles, industrielles et de construction à une spécialisation dans le tertiaire supérieur. Le deuxième axe distingue le commerce de gros du commerce de détail et des services collectifs et personnels. Le troisième sépare les activités agricoles, industrielles et de construction, du transport et des communications. Le quatrième axe différencie les activités agricoles des activités industrielles et de construction ainsi que du commerce de gros.

Plusieurs classifications par la méthode des centres mobiles montrent que là encore un découpage des 83 zones en six groupes est satisfaisant, même si l'un d'entre eux ne comporte qu’une seule commune, mais il s’agit de la même que dans la typologie de 1982 (carte 2-11). Les interprétations des groupes s’avèrent par ailleurs largement semblables à celles de 1982, de nombreuses communes conservant la même spécialisation, ce qui confirme l’intérêt de comparer les deux typologies, en dépit des problèmes de nomenclature.

Nous déclinons les caractéristiques de chaque groupe à partir de sa structure moyenne (tableau 2-15). En gras et entre parenthèses est mentionnée sa désignation abrégée.

Le groupe 1 comporte 12 zones : le centre et 11 autres communes. Elles sont spécialisées dans le tertiaire supérieur, le commerce de gros ainsi que les services collectifs et personnels (fin + SE + comgros + collperso). Ce groupe correspond donc au groupe 1 de 1982, qui affichait déjà les mêmes spécialisations, moins prononcée cependant dans le commerce de gros. 9 zones sur 11 sont d’ailleurs communes à ces deux groupes, auxquelles viennent s’ajouter 3 communes de l’ouest lyonnais (dont deux appartiennent au pôle périphérique ouest) : Dardilly, Lissieu et La Tour de Salvagny, qui, en 1982, faisaient toutes partie du groupe 5 (activités financières et commerce de gros) ; elles se sont donc notablement spécialisées en l’espace de quatorze ans dans le tertiaire supérieur. Ce groupe se singularise d’ailleurs par une très forte attractivité pour les activités relevant de ce domaine entre 1982 et 1990, puisque ses 11 communes (c’est-à-dire sans le centre) ont connu le plus fort gain d’établissements dans les secteurs des services aux entreprises et de la finance, l’assurance, l’immobilier et la location, comparativement aux cinq autres groupes de la typologie de 1996 (tableau 2-16). Au demeurant, ce groupe 1 a enregistré la croissance la plus élevée en termes d’établissements par commune entre 1982 et 1990, tous secteurs confondus (le centre étant exclu de l’analyse). En revanche, les autres communes du groupe 1 de 1982 qui étaient situées hors du centre et de l’ouest lyonnais ont changé de structure : la plupart (Bron, Caluire et Cuire, La Mulatière, Sainte Foy lès Lyon, La Mulatière et Villefontaine, soit 6 sur 7) sont passées dans le groupe 2, spécialisé dans le commerce de détail, les services collectifs et personnels et les services aux entreprises, mais avec une proportion deux fois moindre de services aux entreprises que dans le groupe 1. Elles ont donc conservé un profil tertiaire, mais n’ont pu maintenir une spécialisation forte dans le tertiaire supérieur du fait qu’elles se sont montrées plus attractives pour d’autres types de services (cf. la santé à Bron autour des hôpitaux).

Le groupe 2, nous l’avons dit, est spécialisé dans le commerce de détail, les services collectifs et personnels ainsi que les services aux entreprises (comdét + SE + collperso). Il comporte 22 communes, dont 7 appartenaient au groupe 1 en 1982, 12 au groupe 3 de 1982 (spécialisé dans le commerce de détail et les services collectifs et personnels, mais qui comptait une part faible de services aux entreprises), et 3 au groupe 6 de 1982 (industrie et services collectifs et personnels). Ces communes ont donc poursuivi leur tertiarisation, et notablement renforcé leur proportion de services aux entreprises. Néanmoins, c’est surtout dans les services collectifs et personnels que le gain moyen d’établissements par commune a été le plus important (tableau 2-16).

Le groupe 3 ne comprend qu’une seule commune, Colombier Saugnieu, qui se distingue toujours en 1996 par une part très importante d’établissements dans le domaine des transports et communication (transp) (42,4%, c’est-à-dire une proportion équivalente à celle de 1982).

Le groupe 4 est tourné vers les activités industrielles et de construction, avec une part plus élevée qu’ailleurs d’activités du secteur primaire (agri + indus). Il comprend la zone rassemblant les 156 plus petites communes, qui comptent nettement plus d’établissements agricoles, ainsi que 12 autres communes, pour la plupart situées en couronne périurbaine, et qui sont également d’assez petite taille. Par rapport à 1982, ce groupe s’est considérablement réduit, car la plupart des communes qui le composaient, en particulier les plus importantes et les plus proches du centre de la métropole, ont perdu leur spécificité agricole au profit d'un tissu plus industriel.

Le groupe 5 accueille une forte proportion d’activités industrielles, de construction ainsi que de commerce de gros (indus + comgros). Il comporte 13 communes, dont la plupart sont situées en proche périphérie de Lyon.

Le groupe 6 est spécialisé dans les activités industrielles et de construction, le commerce de détail et les services collectifs et personnels (indus + comdét + collperso). 13 des 27 communes qui le composent faisaient déjà partie du groupe 6 de 1982, dont les spécialisations étaient d'ailleurs proches. Les communes qui le constituent appartiennent globalement aux mêmes sous-espaces métropolitains que celles du groupe 5, et notamment à la proche périphérie est.

Ces groupes 5 et 6 ont connu, entre 1982 et 1990, un fort dans le secteur industriel (tableau 2-16).

Tableau 2-15 : Structure des établissements par groupe de la typologie sectorielle des communes* en 1996
  nb de zones agri indus comdét comgros transp fin SE collperso total
groupe 1 12 3,1% 14,4% 17,2% 12,7% 2,8% 7,9% 22,5% 19,4% 100%
groupe 2 22 1,5% 19,7% 25,4% 5,1% 4% 5% 11,1% 28,2% 100%
groupe 3 1 7,1% 14,8% 13,3% 3,3% 42,4% 4,8% 4,8% 9,5% 100%
groupe 4 8 16,5% 28,6% 16,2% 4,8% 5,6% 4,1% 7,6% 16,6% 100%
groupe 5 13 5,8% 29,9% 14,6% 13% 7,1% 5,9% 9,7% 14% 100%
groupe 6 27 3,6% 28,6% 21,1% 8,1% 5,4% 4,3% 8,9% 20% 100%
moyenne 83 4,6% 24,2% 20,1% 8,4% 5,4% 5,3% 11,4% 20,6% 100%
Source : INSEE, SIRENE
* le centre, les 81 communes de plus de 150 établissements en 1996
et une zone regroupant les 156 autres petites communes
Tableau 2-16 : Nombre moyen d’établissements supplémentaires par commune et par secteur d’activité entre 1982 et 1990*, par groupe de la typologie sectorielle de 1996**
  agri indus comdét comgros transp fin SE collperso total
groupe 1 0,4 11,4 5,2 17,9 1,6 55 33,3 31,2 156
groupe 2 -0,6 11,9 -7,3 6,8 4,2 20,1 17,6 43,1 95,8
groupe 3 -1 14 1 0 21 6 3 3 47
groupe 4 4,7 5 -0,9 -1,1 1,9 11,7 4 10,1 35,4
groupe 5 1,3 30,1 5,6 13,6 9,1 27,8 7,8 17,6 113
groupe 6 0,2 26,2 1,8 16,3 9,3 25,7 15,4 33,8 128,7
Source : INSEE, SIRENE
test de Fisher significatif au seuil de 5%
* à cause de la non-correspondance des nomenclatures, l’analyse ne peut être faite avec les données d’établissements de 1996
** le centre étant exclu du groupe 1 en raison de sa trop grande taille, et la zone des 156 communes étant prise en compte comme une seule commune à laquelle est affectée la valeur moyenne du gain d’établissements par secteur et par commune entre 1982 et 1990 pour les 156 communes
Carte 2-11 : Typologie sectorielle des communes* de l’aire urbaine de Lyon en 1996
Carte 2-11 : Typologie sectorielle des communes* de l’aire urbaine de Lyon en 1996

Entre 1982 et 1996, les groupes se sont montrés relativement stables (tableau 2-17). Des échanges se sont effectués principalement entre les groupes 1 et 2, à savoir les plus tertiaires, du fait que certaines communes, plus précisément celles qui étaient dans le groupe 1 en 1982 mais n’étaient pas localisées dans le pôle ouest ou à proximité, n’ont pas conservé une spécificité suffisamment forte dans les services aux entreprises en 1996, et ont rejoint le groupe 2 des communes à structure tertiaire plus diversifiée. Des échanges ont eu lieu également entre les groupes 4, 5 et 6, qui eux sont plutôt marqués par l’activité industrielle et la construction, ainsi qu’entre le groupe 5 de 1982 et le groupe 1 de 1996 : il s’agit en fait de communes de l’ouest qui ont bénéficié de la dynamique de tertiarisation, et notamment du fort développement des activités de services aux entreprises dans cette partie de la métropole. Par ailleurs, nombre de communes situées à l’est, dont la plupart font de surcroît partie du pôle périphérique est, et qui étaient encore marquées par l’activité agricole en 1982 (groupe 4), sont passées en 1996 soit dans le groupe 5 (indus + comgros), soit dans le groupe 6 (indus + comdét + collperso), ce qui témoigne d’une diversification de leur tissu économique.

Tableau 2-17 : Correspondance entre les typologies sectorielles de 1982 et de 1996 (en nombre de zones)
    1 9 9 6
    groupe 1 :
comgros + fin + SE + collperso
groupe 2 :
comdét + SE + collperso
groupe 3 :
transp
groupe 4 :
agri + indus
groupe 5 :
indus + comgros
groupe 6 :
indus + comdét + collperso
  groupe 1 :
fin + SE + collperso
9* 6 0 0 0 1
1 groupe 2 :
comdét + collperso
0 12 0 0 0 6
9 groupe 3 :
transp
0 0 1 0 0 0
8 groupe 4 :
agri + indus
0 0 0 4** 5 7
2 groupe 5 :
comgros + fin
3 1 0 1 4 0
  groupe 6 :
indus + collperso
0 3 0 3 4 13
Source : INSEE, SIRENE
* dont le centre
** dont la zone regroupant les 156 plus petites communes de l’aire urbaine

Cette analyse vient finalement conforter les résultats obtenus tout au long de ce chapitre. Tout d’abord, elle oppose nettement une sorte de “ zone centrale ” de la métropole - que l’on peut identifier à peu près au pôle urbain - à la couronne périurbaine, encore fortement marquée par l’activité agricole, et où seules quelques communes se distinguent par un tissu économique plus tertiaire, marqué en fait surtout par les services destinés à la population. Ensuite, elle confirme, au sein de cette “ zone centrale ”, non seulement l’existence d’une spécialisation du centre dans le tertiaire supérieur, mais aussi une nette séparation des différentes fonctions métropolitaines, matérialisée par l’opposition entre l’ouest d’un côté, très tertiaire, le sud et l’est de l’autre, où la part des services aux entreprises est bien plus faible. Par ailleurs, quelques communes, situées principalement au nord et au sud de Lyon, se distinguent par un tissu économique tertiaire diversifié, largement dédié aux services à la population. Enfin, cette analyse typologique met en évidence le fait que le pôle ouest, et plus largement la proche banlieue ouest de Lyon, offre une structure comparable à celle du centre ; il s’agit même du seul sous-espace métropolitain dans ce cas.

Ces résultats témoignent, outre d'un processus de diffusion en périphérie des services aux entreprises, de la création d’une zone de forte concentration de ces activités à proximité immédiate des communes-centre. Cette zone ouest apparaît même encore plus spécialisée que Lyon et Villeurbanne dans ce secteur (tableau 2-18). Elle se caractérise en revanche par une proportion nettement moindre d’activités dans les secteurs du commerce de détail et des services collectifs et personnels, et apparaît donc moins tournée vers la satisfaction des besoins de sa population. Quant aux pôles est et sud, ils dépendent encore très vraisemblablement du reste de la métropole, et notamment du centre, pour ce qui est des services aux entreprises. Finalement, les pôles périphériques ouest, sud et est se distinguent comme des sous-espaces très spécialisés, mais ne pouvant prétendre assurer une fonction de centre, même à un niveau local. En revanche, le pôle de L’Isle d’Abeau semble tenir un rôle différent, basé sur la satisfaction des besoins de la population locale, permettant ainsi d’éviter un recours systématique au centre historique ou plus largement à la zone centrale de la métropole. Pour autant, son poids au sein de la métropole lyonnaise demeure très limité ; tout au plus peut-il prétendre à la fonction de petit centre secondaire.

Tableau 2-18 : Structure des établissements au centre et dans les communes* de l’ouest lyonnais
  agri indus comdét comgros transp fin SE collperso total
centre 0,2% 14,6% 25,4% 8% 2,8% 8,4% 17,8% 22,8% 100%
ouest* 3,4% 14,4% 16,4% 13,1% 2,8% 7,9% 22,9% 19,1% 100%
Source : INSEE, SIRENE
* Champagne au Mont d’Or, Charbonnières, Dardilly, Ecully, Francheville,
La Tour de Salvagny, Limonest, Lissieu, Saint Cyr au Mont d’Or,
Saint Didier au Mont d’Or et Tassin la Demi Lune.