La croissance des services aux entreprises en périphérie entre 1982 et 1990 a été surtout favorable au pôle urbain (hors centre), qui a enregistré une croissance de 81,1% (tableau 2-25). Certes, l’augmentation a également été forte en couronne périurbaine, où le nombre d’établissements a plus que doublé en huit ans (+104,7%). Mais, en définitive, le poids de cette dernière est resté quasi stable sur la période, proche de 18% en 1990, alors qu'il atteint 25,7% à la même date pour l'ensemble des activités économiques.
total périphérie | pôle urbain hors centre | couronne périurbaine | |
nb en 1982 | 1756 | 1456 | 300 |
nb en 1990 | 3251 | 2637 | 614 |
évolution 82/90 | 85,1% | 81,1% | 104,7% |
Source : INSEE, SIRENE |
Au total, l’augmentation des services aux entreprises en périphérie depuis 1982 s’est effectuée à un rythme particulièrement soutenu (+85,1%), principalement en faveur des communes les plus importantes, c'est-à-dire celles qui totalisaient déjà le plus grand nombre d'établissements en 1982, tous secteurs confondus. Elle a bénéficié tout spécifiquement à celles qui sont les plus proches du centre. Cela signifie que les services aux entreprises privilégient plutôt de grandes communes, capables donc de développer des économies d’agglomération suffisantes - vraisemblablement en termes de marché local, d’aménités (et notamment d’offre de bureaux), ou encore d’accessibilité - mais conservent également le besoin d’une certaine proximité au centre de la métropole. Une régression multiple, présentée dans le tableau 2-26, résume ces liaisons. Elle explique 66% de la variance de la variable “ différence entre le nombre d’établissements de services aux entreprises en 1990 et en 1982 ” 79 .
Nous avons par ailleurs testé le même type de régression linéaire avec les sept autres secteurs d’activité : le R² est faible pour l’agriculture, qui de toute façon a des stratégies de localisation très spécifiques, favorables aux petites communes de la métropole. Pour les autres secteurs, le R² est plus significatif. En ce qui concerne le commerce de gros et la finance, les coefficients sont, comme pour les services aux entreprises, négatifs pour la distance au centre, et positifs pour le nombre total d’établissements en 1982. Pour l’industrie, le transport et les services collectifs et personnels, nous observons un lien positif avec la distance au centre, ainsi qu’avec le nombre d’établissements total en 1982, ce qui signifie que ces activités s’implantent de préférence sur des communes de taille certes importante mais plutôt éloignées du centre, participant de ce fait très largement au processus d’étalement urbain. Pour le commerce de détail, la liaison est négative à la fois pour la distance au centre et le nombre total d’établissements en 1982, mais nous avons déjà souligné que l’évolution de ce secteur a été très particulière, puisqu’il a perdu des établissements sur la période (cf. chapitre 1).
variable expliquée : (nbSE90 - nbSE82) | |
toutes les communes sauf le centre | |
variables explicatives | |
dist au centre de Lyon | -0,25024 (3,58) |
nb total d’établ 82 | 0,03206 (16,88) |
coeff | 5,97222 |
R² | 0,665 |
nbSE82 = nombre d’établissements de services aux entreprises en 1982 nbSE90 = nombre d’établissements de services aux entreprises en 1990 t de Student (entre parenthèses) significatif à 1% la distance au centre de Lyon est mesurée à vol d’oiseau entre la commune et la préfecture de Lyon |
Finalement, la périphérie faut preuve d’une attractivité remarquable pour les services aux entreprises, tandis qu’elle continue parallèlement d’augmenter ses effectifs dans les secteurs de l’industrie et de la construction, du transport et du commerce de gros, qui, à l’inverse, déclinent ou sont en faible croissance au centre. L’évolution de la nature des activités économiques en périphérie recouvre donc un double processus : d’un côté l’accueil de fonctions qui quittent le centre, de l’autre côté une sorte de “ rattrapage ” dans le domaine du tertiaire supérieur.
Le développement des services aux entreprises en périphérie favorise tout particulièrement les communes du pôle périphérique ouest, et nous allons même nous attacher à montrer qu’il est même à la base de son émergence.
Certes, cette variable n’est qu’une indication imparfaite de l’attractivité d’une commune pour les services aux entreprises, car, comme nous l'avons déjà évoqué au chapitre 1, elle ne permet pas de distinguer les départs et les disparitions des arrivées, ces dernières étant réellement le signe du niveau d’attrait d’un sous-espace métropolitain.