B. Services aux entreprises et multipolarisation

Nous pouvons en conclure que, si les pôles périphériques font preuve d’un très fort dynamisme dans l’ensemble des secteurs, y compris les services à la population, il existe des différences significatives. Ainsi, l’essor des pôles est et sud s’appuie surtout sur les activités productives et de circulation (industrie, commerce de gros et transport), c’est-à-dire sur le même type de fonctions que les communes de la banlieue (est ou sud) dont ils sont proches, et dont ils semblent prolonger le développement. Leur croissance s’inscrit donc bien en continuité avec les modes de structuration antérieurs de cette partie de la métropole. En revanche, la dynamique du pôle ouest se fonde principalement sur le tertiaire supérieur, à savoir la finance, l’assurance, l’immobilier, la location et les services aux entreprises, c’est-à-dire des fonctions réservées auparavant au seul centre.

En réponse aux hypothèses soulevées en première partie, nous pouvons conclure que les services aux entreprises, en se périphérisant, participent à l’émergence d’une polarité relativement nouvelle au sein de la métropole lyonnaise, spécialisée de surcroît dans ce secteur dès 1982, et contribuent parallèlement au développement des autres pôles, en particulier celui de l’est. L’essor d’un pôle autour de L’Isle d’Abeau semble en revanche plutôt lié à la croissance de fonctions destinées à la population, en lien avec une exceptionnelle dynamique démographique.

Les services aux entreprises se distinguent par un comportement spatial, et donc un rôle, spécifiques au sein de la métropole lyonnaise. Plus concentrés, et surtout plus centraux que la plupart des autres secteurs, leur croissance favorise un processus de spécialisation des communes-centre. Ainsi, si le chapitre précédent a mis en évidence une perte globale d’établissements au centre depuis 1982, nous avons montré ici que cette évolution est imputable à des restructurations profondes, qui combinent baisse, ou faible croissance, dans des secteurs comme l’industrie et la construction, ou encore le transport et les communications, et parallèlement un fort développement des services aux entreprises et du tertiaire supérieur en général. Le dynamisme de ces activités concerne toutefois aussi la périphérie, et tout particulièrement les communes les plus proches du centre, c’est-à-dire une sorte de “ zone centrale ” de la métropole. Cette croissance favorise d’un côté l’émergence d’un pôle périphérique ouest, relativement nouveau, dédié dès 1982 au tertiaire supérieur, spécialisation qui ne fait que se renforcer par la suite. Elle participe de l’autre côté au développement de deux autres pôles (sud et est), qui demeurent malgré tout marqués par les fonctions industrielles et de transport, prolongeant ainsi les spécialisations anciennes de cette partie de la métropole. Hors du pôle urbain, le développement des services aux entreprises est réel, mais largement plus limité, et son impact finalement faible. Il contribue à l’émergence du pôle de L’Isle d’Abeau, mais ce dernier reste surtout axé sur le commerce et les services destinés à une population environnante localisée dans de petites communes, où ce type de fonctions est très peu présent. Ce pôle joue donc vraisemblablement le rôle de (petit) centre secondaire, et permet dans une certaine mesure d’éviter un recours systématique à la “ zone centrale ” de la métropole.

Jusqu’à présent, nous avons considéré les services aux entreprises comme formant un ensemble homogène. Pour aller plus loin, il convient d’introduire des différenciations, afin de tester les hypothèses formulées en première partie. Il s’agit de vérifier que les diverses catégories de services aux entreprises ont des logiques spatiales contrastées, et d’en tirer de nouveaux enseignements concernant les dynamiques de structuration de la métropole lyonnaise.