A. Des activités à la centralité particulièrement variable

Dans le tableau 2-29, les services aux entreprises sont classés à partir de la NAF par taux de centralité décroissant (pour l’année 1996). Il varie de plus de 80% pour les activités de banque de données ou encore les activités juridiques à moins de 20% pour le conditionnement à façon. Il existe donc une très forte hétérogénéité : de façon générale, nous constatons que les services aux entreprises dont le taux de centralité est supérieur à la moyenne sont majoritairement des activités impliquant des prestations de haut niveau, et, parmi les moins centrales, nous trouvons plutôt des activités relativement banales, comme le conditionnement à façon ou encore le nettoyage, mais aussi des activités intermédiaires comme les études, les essais techniques et les géomètres.

Pour autant, cette distinction services de haut niveau/services intermédiaires/services banals ne suffit visiblement pas à différencier de façon satisfaisante les stratégies de localisation intramétropolitaine. Par exemple, le conseil en informatique, la réalisation de logiciels, le traitement de données ainsi que le conseil pour les affaires et la gestion ont plus de 40% de leurs établissements implantés hors du centre historique. Cela confirme le fait que la périphérie métropolitaine n'accueille pas que des services aux entreprises banals ou intermédiaires, mais que certaines activités de haut niveau y trouvent des sites adaptés à leur fonctionnement et à leur développement. La partition des services aux entreprises en fonction de leur taux de centralité confirme également que l’analyse spatiale ne peut se contenter de typologies réalisées a priori sur la base de regroupements ne prenant en compte que l’intitulé de l’activité : l’exemple de l’informatique, pour lequel les prestations de haut niveau (721Z à 724Z) sont nettement plus centrales que les autres (725Z et 726Z), est particulièrement probant. Le même raisonnement vaut d'ailleurs pour la catégorie des études techniques et des contrôles (cf. chapitre 1), qu’il convient visiblement de scinder entre d’un côté les architectes, et de l’autre les études techniques, les métreurs, les géomètres, les essais et les contrôles techniques. Le tableau 2-29 souligne par ailleurs que ce ne sont pas forcément les services les plus “ rares ” (au sens des moins nombreux) qui sont centraux, et les moins “ rares ” qui se trouvent plutôt localisés en périphérie, comme nous aurions pu le supposer par adaptation du modèle de W. Christaller à l’espace intramétropolitain.

Tableau 2-29 : Taux de centralité des établissements par catégorie de services aux entreprises (code NAF) dans l’aire urbaine de Lyon en 1996
code NAF activité nb en 1996 taux de centralité en 1996
724Z banque de données 63 87,3 %
741A activités juridiques 1101 83,7 %
745A mise à dispo de personnel 117 70,1 %
744B conseil en pub 675 68,3 %
742A architectes 813 66,4 %
741C comptabilité 719 64,5 %
741E études de marché 185 63,2 %
745B travail temporaire 238 62,6 %
748J org foires et salons 107 61,7 %
744A supports de pub 183 61,2 %
721Z conseil info 380 59,2 %
741G conseil affaires et gestion 1676 58,5 %
722Z logiciels 495 57,2 %
723Z traitement de données 185 56,8 %
748K services divers à la prod 1256 56,7 %
746Z sécurité 150 52 %
742C études techniques 1335 50,5 %
741J adm d’entreprises 1030 49,1 %
748 secrétariat, traduction 592 48,8 %
742B métreurs, géomètres 160 48,1 %
743B essais techniques 69 47,8 %
725Z matériel info 94 44,7 %
747Z nettoyage 763 41,9 %
743A contrôle technique 82 32,9 %
748D conditionnement à façon 32 18,7 %
ensemble des SE tous secteurs 12500 58,6 %
Source : INSEE, SIRENE

Les localisations ont-elles évolué depuis 1982 ? Dans le tableau 2-30, nous avons fait figurer les taux de centralité des services aux entreprises aux années 1982 et 1990 en fonction du code NAP. Les résultats se révèlent peu différents de ceux de 1996. Dès 1982, les activités juridiques sont les plus centrales, avec un taux de centralité supérieur à 80%. Viennent ensuite les études économiques et sociologiques, les créateurs de publicité, le travail temporaire, la comptabilité, le conseil, les architectes et les services divers, qui ont tendance à conserver, voire à renforcer leur présence au centre entre 1982 et 1990. C’est le contraire pour les travaux et le matériel informatiques, les régies publicitaires, les études techniques, les travaux à façon, les métreurs et géomètres, le nettoyage et surtout les holdings, ces derniers correspondant globalement aux activités d’administration d’entreprises (classées 741J en NAF). Pour autant, de façon générale, la répartition globale entre le centre et la périphérie évolue peu. Cela s’explique par le fait que les taux de croissance au centre et en périphérie ont été très comparables (tableau 2-31), mis à part pour les holdings, qui se sont nettement plus développés en périphérie, les études économiques et sociologiques, qui ont connu une évolution inverse, et dans une moindre mesure pour les métreurs et les géomètres, dont les effectifs ont diminué au centre et (faiblement) progressé en dehors. Cette relative pérennité dans la répartition spatiale des différentes catégories de services aux entreprises entre le centre et la périphérie montre que la localisation centrale ne subit pas de baisse de son attractivité quel que soit le type de service, mis à part, et encore de façon modérée, pour les métreurs et les géomètres. Le fait que la grande majorité des activités connaît un développement un peu plus rapide en périphérie induit que le taux de centralité des services aux entreprises subit une érosion globale entre 1982 et 1990. La proximité des taux de croissance au centre et en périphérie témoigne malgré tout d’une dynamique spatiale relativement homogène, qui signifie à la fois que la périphérie, ou du moins, comme nous l’avons souligné dans les chapitres précédents, la majeure partie du pôle urbain, est apte à accueillir l’ensemble des prestations de services aux entreprises, y compris celles de haut niveau, et qu’en outre son développement se réalise sensiblement au même rythme que celui du centre historique, et donc est plus en complémentarité qu’en concurrence. Pour autant, nous verrons plus loin qu’au sein même de la périphérie les sous-espaces privilégiés par les différentes catégories de services aux entreprises s'avèrent nettement différenciés.

Tableau 2-30 : Taux de centralité des établissements par catégorie de services aux entreprises (code NAP) dans l’aire urbaine de Lyon en 1982 et 1990
NAP600 activité taux de centralité en 1982 taux de centralité en 1990
7708 act juridiques 83,9% 82,7%
7702 études éco et socio 61,6% 74%
7710 créateurs pub 70,7% 72%
7713 travail temp 68,2% 68,7%
7709 comptabilité 72,5% 68,5%
7707 conseil 68,4% 66,7%
7705 architectes 68,9% 66,3%
7703 études info et org 69,3% 66,1%
7704 travaux info 64,2% 60,3%
7714 services divers 61,1% 60,7%
2701 matériel info 61,5% 56,7%
7711 régies pub 60,7% 56,6%
7701 études techniques 60,7% 55,8%
7712 travaux à façon 56,5% 53,4%
7600 holdings 74,6% 52,6%
7706 métreurs, géomètres 55,4% 47,3%
8708 nettoyage 50,1% 46,1%
ensemble des SE tous secteurs 68,2% 65,4%
Source : INSEE, SIRENE
Tableau 2-31 : Les établissements par catégorie de services aux entreprises au centre et en périphérie de l'aire urbaine de Lyon en 1982 et 1990
  2701 7600 7701 7702 7703 7704 7705 7706 7707 7708 7709 7710 7711 7712 7713 7714 8708 total
centre en 1982 16 53 562 61 176 70 390 97 121 637 370 357 17 208 189 372 246 3942
centre en 1990 38 218 746 197 837 91 524 80 297 741 369 581 56 324 211 934 300 6544
évolution centre 82/90 (en %) 137 311 33 223 375 30 34 -17 145 16 0 63 229 56 12 151 22 66
périph en 1982 10 18 364 38 78 39 176 78 56 122 140 148 11 160 88 237 245 2008
périph en 90 29 196 591 69 429 60 266 89 148 155 170 226 43 283 96 605 350 3805
évolution périph 82/90 (en %) 190 989 62 82 450 54 51 14 164 27 21 53 291 77 9,1 155 43 89
Source : INSEE, SIRENE

A partir du tableau 2-29, nous avons constitué onze groupes de services aux entreprises, en agrégeant des activités présentant des taux de centralité et des types de prestations proches. Cette typologie est présentée dans le tableau 2-32.

Les activités juridiques, eu égard à leur très forte centralité, constituent un groupe à elles seules, de même que les architectes. Nous avons rassemblé, dans la publicité, la gestion de supports de publicité et de conseil en publicité, ainsi que l’organisation de foires et de salon, qui nous semble relever d’un type de prestations proche. L’intérim est constitué par les activités de mise à disposition de personnel et celles de travail temporaire. L’informatique de haut niveau regroupe, outre le conseil en informatique, la réalisation de logiciels et le traitement de données, l’activité de banque de données, qui, bien que plus centrale a de faibles effectifs, de sorte que nous n’avons pas jugé utile d’en faire un groupe à part. Nous avons également rassemblé le conseil pour les affaires et la gestion avec les études de marché : quoique ces dernières soient légèrement plus centrales, elles relèvent également du conseil. En revanche, la comptabilité a été mise à part, car elle nous semble concerner des prestations de niveau moindre. L’administration d’entreprises constitue également un groupe à elle seule en raison de son faible taux de centralité. Les services divers aux entreprises, dont la troisième partie nous permettra de préciser le contenu, ont également été isolées, en raison de l’importance de leur effectif. Le groupe des études techniques est constitué des études techniques, des métreurs, des géomètres, des essais ainsi que des contrôles techniques. Enfin, sous le vocable prestations banales aux entreprises, nous avons rassemblé la sécurité, le nettoyage, le secrétariat, le conditionnement à façon (qui est beaucoup moins central que les autres activités, mais présente un trop faible effectif pour qu’il y ait un réel intérêt à l’analyser à part), ainsi que les prestations informatiques “ banales ” comme la vente de matériel et les autres activités informatiques 80 .

Tableau 2-32 : Typologie* en onze groupes du secteur des services aux entreprises en 1996
type d’activité code NAF taux de centralité en 1996
activités juridiques (jurid) 741A 83,7%
architectes (archi) 742A 66,4%
publicité (pub) 744A, 744B, 748J 66,2%
intérim (intérim) 745A, 745B 65,1%
comptabilité (compta) 741C 64,5%
informatique de haut niveau (infosup) 721Z, 722Z, 723Z, 724Z 59,5%
conseil pour les affaires et la gestion, études de marché (conseil) 741G, 741E 58,9%
services divers à la production (serv) 748K 56,7%
études techniques (techn) 742B, 742C, 743A, 743B 49,3%
administration d’entreprises (adm) 741J 49,1%
prestations banales aux entreprises (presta) 725Z, 726Z, 746Z, 747Z, 748D, 748F 45%
total tous secteurs 58,6%
Source : INSEE, SIRENE
* entre parenthèses et en gras la désignation abrégée de chacun des groupes de la typologie

Notes
80.

Celles-ci ne comptent pas d’établissements dans l’aire urbaine en 1996 ; toutefois nous faisons l’hypothèse que leur comportement spatial est comparable à celui des établissements de vente de matériel.