B. Mise en évidence de cinq sous-espaces spécifiques d’accueil pour les services aux entreprises

Si nous nous en référons plus précisément à la typologie des communes effectuée à partir des structures d’établissements selon les huit secteurs d’activité (cf. chapitre 3), nous pouvons très nettement mettre en évidence un lien entre le tissu économique communal et la nature des services aux entreprises 85 présents, comme le montre le tableau 2-34. Pour constituer ce dernier, nous n’avons pas pris en considération la commune de Anse, qui est la seule des cinquante plus importantes communes à appartenir au groupe le plus agricole de la métropole, celui qui rassemble la majeure partie des communes de la couronne périurbaine (cf. chapitre 3). De toute façon, le poids de ce groupe est très faible, puisqu’il accueille en 1996 moins de 10% des établissements de services aux entreprises de l’aire urbaine de Lyon ; il est par ailleurs fortement marqué par les prestations banales aux entreprises (25% des établissements en moyenne par commune) et les études techniques. Par ailleurs, au sein même du groupe des communes tertiaires supérieures (comgros+fin+SE+collperso), nous avons jugé pertinent de distinguer, sur la base des résultats précédents, entre d’une part le centre et d’autre part les communes de l’ouest. Finalement, l’analyse porte sur le centre plus quatre des six groupes de communes 86 identifiées au chapitre 3.

Le tableau 2-34 confirme que le centre est spécialisé dans les activités juridiques, d’architecture, d’intérim, de publicité et de comptabilité. Les communes de la banlieue ouest, c’est-à-dire celles appartenant au groupedes communes spécialisées dans le tertiaire supérieur, le commerce de gros et les services collectifs et personnels 87 (fin + SE + comgros + collperso), présentent une très forte proportion d'établissements dans les domaines du conseil, des études de marché, de l’informatique de haut niveau, mais aussi de la comptabilité, c’est-à-dire en majorité des services de haut niveau. A contrario, la part des études techniques, des prestations banales et surtout de l’intérim y est faible. Le groupe des communes à structure tertiaire diversifiée (comdét + SE + collperso) présente une forte proportion d’établissements dans le secteur de l’intérim, mais aussi dans celui des services divers. La part du conseil et des études de marché est également non négligeable. Enfin, les deux derniers groupes, caractérisés par un tissu économique plutôt tourné vers l’industrie, le commerce de gros ainsi que le transport et les communications, et qui comprennent des communes principalement situées au sud et à l’est, offrent une structure de services aux entreprises relativement comparable : elle est caractérisée par une forte proportion d’établissements dans les domaines des prestations banales, des études techniques, ainsi que de l’administration d'entreprises et des services divers pour le plus tertiaire de ces groupes (indus+comdét+collperso). Ces deux groupes se caractérisent en revanche par une présence réduite des secteurs de l’informatique de haut niveau, et, dans une moindre mesure, du conseil et des études de marché.

Tableau 2-34 : Structure des établissements de services aux entreprises pour les principaux groupes de la typologie sectorielle des communes de 1996
type de structure d’établissements nb de communes jurid archi pub intérim compta infosup conseil serv techn adm presta total
comgros + fin + SE + collperso (centre uniquement) 1* 12,6% 7,4% 8,7% 3,1% 6,3% 9,1% 15% 9,7% 11,1% 6,9% 10,1% 100%
comgros + fin + SE + collperso 11 2,8% 5,4% 6,1% 1% 6,7% 15% 21% 8% 14,2% 9,1% 10,7% 100%
comdét + SE + collperso 17 5,5% 5% 5,6% 5,6% 5,3% 8% 14,4% 12,3% 15,1% 7% 16,2% 100%
indus + comgros 7 2,2% 1,2% 5,6% 1,6% 3,1% 5,9% 11,4% 9,2% 22,1% 17,5% 20,2% 100%
indus + comdét + collperso 13 3% 4,3% 5,7% 2,7% 3,2% 6,2% 13,4% 11,1% 16,2% 13,6% 20,6% 100%
moyenne 49** 3,9% 4,4% 5,8% 3,2% 4,8% 8,8% 15,2% 10,5% 16,1% 10,7% 16,6% 100%
Source : INSEE, SIRENE
* en fait : Lyon et Villeurbanne
** on a enlevé la commune de Anse

Ces résultats nous conduisent à effectuer un découpage de l’aire urbaine en cinq sous-espaces spécifiques pour l’accueil des services aux entreprises.

Le premier est le centre historique, dont nous avons mis en évidence le poids et l’influence dans la structuration des localisations tout au long de cette deuxième partie. Il se caractérise par une spécialisation dans le tertiaire supérieur, accueille en outre plutôt des services aux entreprises de haut niveau, notamment du conseil et des études de marché, et se distingue aussi par une forte présence des activités juridiques, d’architecture et de publicité.

Le deuxième sous-espace est constitué par les communes de la banlieue ouest (et notamment celles du pôle périphérique ouest), qui sont elles aussi marquées par les activités du tertiaire supérieur, et sont également très nettement spécialisées dans les services aux entreprises haut de gamme, principalement le conseil, les études de marché et surtout l’informatique de haut niveau. Quels sont les relations entre le centre historique et cette partie de la métropole ? Pour répondre à cette question, il importe de déterminer si les services aux entreprises sont de même nature dans ces deux sous-espaces, auquel cas on aurait un développement d’avantages similaires au centre et à l’ouest, ce dernier se présentant alors comme un espace alternatif de localisation pour certains services qui ne peuvent ou ne veulent s’implanter au centre, tout en souhaitant conserver la majeure partie de ses avantages. Mais les services aux entreprises du pôle ouest peuvent s’avérer également différents et rechercher dans ces communes de la proche banlieue par exemple une proximité à des clients localisés en périphérie.

Un troisième sous-espace est composé de communes, de taille importante et situées en proche banlieue sud et nord, et dont la structure d’activité est plutôt tertiaire diversifiée, avec une part importante de commerces et de services à la population. Ces communes accueillent elles aussi plutôt des services de haut niveau, ainsi qu’une forte part d’intérim, ce dernier point étant à mettre en relation avec l’importance de leur population.

Quant au quatrième sous-espace, qui rassemble les communes des proches banlieues sud et est de Lyon (et tout particulièrement celles des pôles périphériques est et sud) tournées vers les activités d’industrie, de construction, de commerce de gros et de transport et communications, il accueille surtout des services aux entreprises à la fois techniques (études techniques) et banals (prestations banales aux entreprises). Le développement de ce type d’activités est-il à mettre en relation avec la nature des clients potentiels présents dans ces communes, c’est-à-dire surtout des clients industriels ? Nous approfondirons ce point dans la partie suivante.

Enfin, un cinquième sous-espace nous semble devoir être constitué par l’ensemble du reste de la métropole, c’est-à-dire à peu près la couronne périurbaine, à laquelle il faut rajouter les parties sud - autour de Givors et Chasse sur Rhône -, et nord - près de Anse -, du pôle urbain. Certes, ces communes ne présentent pas toutes la même spécialisation, les plus importantes d’entre elles, et notamment celles du pôle de L’Isle d’Abeau, étant plus tertiaires, et faisant figure, nous l’avons déjà évoqué, de petits centres secondaires. D’ailleurs, la nature des services aux entreprises présents, si elle se rapproche dans la majorité des cas de celle du groupe précédent, diffère sur quelques communes : d’une part sur des communes moyennes (Anse, l’Arbresle et Montluel), dans lesquelles la part des activités juridiques et d’architecture est assez importante, d’autre part à L’Isle d’Abeau, où les activités de conseil et d’informatique de haut niveau représentent une proportion non négligeable. Mais, étant donné que cette commune ne compte en tout en 1996 que vingt-cinq établissements de services aux entreprises, et les trois autres guère plus, il nous semble cohérent de considérer comme un tout ce sous-espace le plus périphérique de la métropole, dans lequel les activités de services aux entreprises demeurent encore relativement peu développées, même si elles ont tendance à s’accroître rapidement, principalement dans les domaines des études techniques et des prestations banales.

Ce chapitre nous a permis de mettre en évidence l’importante hétérogénéité du comportement spatial intramétropolitain des activités de services aux entreprises, et d’en dresser une typologie en onze groupes. Certains d’entre eux, comme les activités juridiques et les architectes, sont quasi exclusivement l’apanage du centre historique. D'autres à l’inverse, telles les prestations banales aux entreprises ou les études techniques, comptent plus d’établissements en périphérie qu’au centre. Entre ces deux extrêmes, nous trouvons nombre de services, généralement de haut niveau comme le conseil et les études de marché ou encore la publicité, qui demeurent encore fortement centraux mais se caractérisent par une implantation non négligeable en périphérie. Ainsi, le centre de la métropole n’est pas, ou plus, le seul sous-espace réservé aux services de haut niveau, même s’il demeure spécialisé dans ce domaine, alors qu’en périphérie les spécialisations sont fortement contrastées, avec une opposition nette entre d’une part la proche banlieue et le reste de la métropole, où les services aux entreprises demeurent peu nombreux, et d’autre part, au sein de cette proche banlieue, l’ouest d’un côté, le sud et l’est de l’autre.

Nous avons par ailleurs montré que la structure des services aux entreprises présents dans une commune dépend étroitement de la nature de son tissu économique. Ce dernier point nous a permis de proposer une partition de la métropole en cinq sous-espaces spécifiques.

Notes
85.

Le croisement précis entre ces deux typologies indique que 7 communes (sur 11 qui comptent plus de 25 établissements de services aux entreprises en 1996) du groupe (fin+SE+comgros+collperso) se retrouvent dans le groupe (pub+infosup+conseil), 13 communes (sur 16) du groupe (comdét+SE+collperso) font partie des groupes (compta+infosup+conseil) ou (intérim+serv+presta), et 12 communes (sur 20) appartiennent au groupe (techn+adm+presta).

86.

Le groupe spécialisé dans le transport et les communications, et qui ne comprend que la commune de Colombier Saugnieu, compte seulement 10 établissements de services aux entreprises en 1996, dont la plupart sont des prestations banales aux entreprises ; il est donc sans intérêt à ce stade de l’analyse.

87.

Sans le centre.