B. Le recours à des fournisseurs de services

L’importance du recours à différents services était évaluée dans les deux questionnaires par l'intermédiaire d’un tableau proposant une liste de seize services : le répondant devait préciser pour chacun s’il l’utilisait, et, si oui, s’il était réalisé en interne ou bien acheté à un prestataire extérieur. Il devait dans ce cas préciser la localisation de ce dernier.

En moyenne, les établissements enquêtés utilisent 63% des services proposés. Cette proportion est indépendante du nombre total d’employés, contrairement à ce qu’avait mis en évidence R. Cappelin [1989]. Elle ne dépend pas non plus du secteur ; seules les activités juridiques se démarquent par un taux d’utilisation relativement faible (49%). Les services les plus courants, c’est-à-dire ceux auxquels plus de 80% des établissements ont recours, sont les services bancaires, d’assurance, de comptabilité, de maintenance informatique et de reprographie. Seulement 19,4% des prestations sont en fait assurées en interne, ce qui confirme le fait que le recours à l’externalisation est très élevé : les services achètent d’autres services, et ce de façon importante. Seule l’activité de comptabilité est réalisée en interne dans un peu plus de 30% des cas.

Les différences en termes de niveau d'internalisation entre les onze secteurs sont peu significatives. Seuls les architectes se distinguent par une proportion de services réalisés en interne de seulement 5,5%, ce qui signifie qu’ils ont plus intensément besoin que les autres de trouver des prestataires extérieurs.

La majorité (67%) des services achetés par les établissements proviennent de la métropole lyonnaise : cette proportion est toutefois plus élevée pour les établissements périphériques (71%) que pour ceux du centre (60,5%). Le taux de services réalisés en interne diffère aussi entre le centre et les quatre autres sous-espaces périphériques. Il apparaît relativement plus important pour les établissements implantés en périphérie, où il est en moyenne de 23,5%, contre 17% au centre (aussi bien à la Part-Dieu qu’ailleurs). Il semble donc qu’une catégorie non négligeable d'avantages spécifiques au centre historique soit constituée par le fait que les possibilités d’externalisation y sont plus développées que partout ailleurs dans la métropole. De fait, 45% des prestations achetées par les établissements du centre proviennent de ces mêmes communes-centre, et seulement 15% des autres communes de l’agglomération : malgré le fait que l’achat d’un service implique essentiellement des déplacements de la part du prestataire, et non du client (cf. infra), ce dernier semble avoir plutôt tendance à choisir des prestataires proches géographiquement, du moins lorsqu’il est localisé au centre, où l’offre est la plus importante et la plus diversifiée (cf. partie 1).

Le taux moyen d’internalisation diffère néanmoins assez peu entre le centre et la périphérie, ce qui signifie soit que les différentes zones périphériques sont capables d’offrir aux établissements qui s’y implantent des services de façon importante, soit que les établissements périphériques ont la possibilité d’avoir recours à des fournisseurs localisés au centre. De fait, ces établissements achètent seulement 15% des services qu’ils utilisent dans leur commune de localisation, et 56% dans le reste de l’agglomération. Les enquêtes ne permettent cependant pas de préciser si ces achats sont surtout effectués au centre, mais nous pouvons supposer que c’est le cas, conformément aux résultats d’autres études [Ihlanfeldt, Raper, 1990 ; Schwartz, 1993], et donc que le recours au centre pour les achats de services est encore important dans la métropole lyonnaise : les sous-espaces périphériques semblent toujours largement dépendre du centre, même s'ils sont à même de fournir certaines prestations. Cette dernière remarque va dans le sens du modèle de J.M. Clapp [1980], qui fait de l’existence même de pôles secondaires, au sens de sous-espaces capables d'offrir un certain nombre de services, une force centrifuge significative.