2. L’hétérogénéité intersectorielle de l’étendue des aires de marché et de la nature des clients

En dépit de forts besoins en termes de rencontres face à face 103 , 58% du chiffre d’affaires des établissements de services aux entreprises est obtenu hors de la métropole lyonnaise, et 36% à l'extérieur de la région Rhône-Alpes (tableau 3-8). Ces résultats confortent ceux d’autres études françaises et internationales [Gallouj, 1996 ; Léo, Philippe, 2000]. Seuls 43% des établissements réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires à l’intérieur de la métropole, et à peine 23% des établissements plus de 80%. En revanche, plus du tiers (35%) effectuent hors de la métropole plus de 80% de leur chiffre d’affaires, et près du cinquième (19,3%) hors de Rhône-Alpes. La part du chiffre d’affaires effectuée à l’étranger atteint seulement 6,7%, dont la moitié pour l’Union européenne. La synthèse d’autres travaux sur le sujet confirme que la proportion des ventes hors du pays varie effectivement généralement entre 3% et 16%, et qu'elle dépend de la taille de l’agglomération d’implantation [Gallouj, 1996]. En fait, seuls 5,3% des établissements enquêtés réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires hors de France.

Contrairement aux résultats de M. Jouvaud [1997], nous ne trouvons pas de relation entre la taille de l’établissement et son niveau d’exportation, ce que confirme d’ailleurs la synthèse de la littérature effectuée par C. Gallouj [1996] : les petits effectifs de certains établissements de services aux entreprises ne constituent pas un frein à leur positionnement sur des marchés extra-métropolitains.

Les différences sont malgré tout importantes selon la nature des prestations (tableau 3-8). Les chiffres sont d’ailleurs très proches de ceux obtenus par M. Jouvaud [1997] dans les agglomérations bordelaise et marseillaise. Les secteurs les moins exportateurs (pour lesquels plus de 50% du chiffre d’affaires est réalisé à l’intérieur de la métropole) sont l’intérim, dont les établissements sont quasiment exclusivement tournés vers le marché métropolitain, ainsi que la comptabilité, et dans une moindre mesure les architectes et les prestations banales aux entreprises. A l’inverse, les activités les plus exportatrices sont les études techniques, les services divers, le conseil et les études de marché ainsi que l’informatique de haut niveau : ces secteurs réalisent en moyenne plus de 65% de leur chiffre d’affaires hors de la métropole. L’administration d’entreprises, les activités juridiques et la publicité se placent à un niveau intermédiaire. Ces derniers exportent en outre surtout vers le reste de la région Rhône-Alpes, tandis que l’informatique de haut niveau, le conseil et les études de marché se distinguent par de fortes ventes en région parisienne et dans le reste de la France. Ainsi, le fait que la prestation soit sensible à la distance, parce qu’elle demande des interactions fréquentes avec le client, ne constitue visiblement pas un frein à l’exportation. La part du chiffre d’affaires réalisée en moyenne dans le reste de la région Rhône-Alpes varie peu en revanche entre les secteurs, et elle est de 21,5%.

Tableau 3-8 : Répartition géographique du chiffre d’affaires par secteur de services aux entreprises
  part CA métropole part CA reste Rhône-Alpes part CA région parisienne part CA reste France part CA étranger total
jurid 42,5% 30% 8,7% 9,1% 9,7% 100%
archi 58,7% 26,8% 11,5% 3% 0% 100%
pub 42,4% 26,7% 12,5% 15,6% 2,8% 100%
interim 80,8% 12,9% 5,6% 0,7% 0% 100%
compta 68,4% 20,9% 4,2% 6% 0,5% 100%
infosup 32,1% 22,3% 17,4% 20,1% 8,1% 100%
conseil 32,4% 20,4% 21,5% 19% 6,7% 100%
serv 32,6% 13,8% 12,4% 29,3% 11,9% 100%
techn 33,5% 22,2% 8,5% 24,3% 11,5% 100%
adm 47,8% 26,1% 3,3% 19,4% 3,4% 100%
presta 56,4% 18,1% 6,5% 11,5% 7,5% 100%
ensemble 42,4% 21,5% 12,2% 17,2% 6,7% 100%
CA = chiffre d’affaires
test de Fisher significatif au seuil de 5% sauf pour les valeurs en italique
Sources : enquêtes LET et Agence d’Urbanisme de Lyon

Le client principal est le secteur industriel (40% du chiffre d’affaires en moyenne), suivi par les services aux entreprises (30%), le secteur public (23,2%), et loin derrière les établissements liés (4,8%) ainsi que les ménages (2%) (tableau 3-9). La part de ces derniers est donc très faible, confirmant notre choix de n’enquêter que des services destinés aux entreprises.

Tous les groupes, mis à part l’administration d’entreprises, présentent une forte proportion de clients industriels. Les services aux entreprises sont un marché mineur pour les architectes et les études techniques, contrairement aux secteurs de l’administration d’entreprises, de la publicité, de la comptabilité et des activités juridiques. Les activités d'architecture se distinguent également par la part que représentent les clients du secteur public, qui dépasse 50%. Les établissements liés comptent en règle générale pour une part faible 104 , hormis pour l’administration d’entreprises (25% du chiffre d’affaires), mais cela est dû au fait qu’un établissement de l’échantillon (sur les douze que comprend ce secteur) n’a que des clients appartenant à des établissements liés, ce qui fausse l’analyse ; d’ailleurs le test de Fisher n’est, dans ce cas, pas significatif. Enfin, le poids des ménages est logiquement un peu plus élevé pour les activités juridiques et les architectes que pour les autres catégories de services.

Tableau 3-9 : Répartition du chiffre d’affaires par secteur de services aux entreprises en fonction de la nature des clients
  secteur industriel secteur des services aux entr secteur public établissements liés ménages total
jurid 50% 42,6% 0% 0% 7,4% 100%
archi 32,1% 6,6% 53,9% 0% 7,4% 100%
pub 37,2% 50,3% 9,3% 3,2% 0% 100%
interim 38,9% 32,4% 15,6% 9,3% 3,8% 100%
compta 50,1% 47,8% 1,2% 0,9% 0% 100%
infosup 42,6% 32,3% 17,4% 6,7% 1% 100%
conseil 41,8% 21,8% 35,4% 1% 0% 100%
serv 40,7% 26,4% 22,7% 6,2% 4% 100%
techn 41,5% 17,8% 35,4% 4,3% 1% 100%
adm 17,2% 53,8% 0% 25% 4% 100%
presta 38,7% 29,4% 24% 5,9% 2% 100%
ensemble 40% 30% 23,2% 4,8% 2% 100%
CA = chiffre d’affaires
test de Fisher significatif au seuil de 1% sauf pour les valeurs en italique
Sources : enquêtes LET et Agence d’Urbanisme de Lyon
Notes
103.

Les deux enquêtes ne permettent cependant pas d’évaluer correctement leur volume ni la fréquence réelle des déplacements impliqués.

104.

Et il n’existe en la matière pas de différence entre les mono et les multiétablissements.