Les délocalisations intraurbaines s’effectuent dans leur grande majorité sur de très faibles distances, conformément aux résultats de J.P. Delisle et F. Lainé [1998]. 104 mouvements, soit plus de la moitié (56,2%), ont ainsi eu lieu à l’intérieur de la même commune. D’ailleurs, la note moyenne accordée au facteur “ proximité à la précédente localisation ” est de 2 pour les établissements délocalisés, donc relativement élevée. Cette tendance à se réinstaller à l’intérieur de la même commune est particulièrement nette au sein des communes-centre : au total, un peu plus de la moitié des transferts récents a eu lieu à l’intérieur même du centre. Sur les 122 mouvements en provenance de Lyon ou Villeurbanne, 98, soit 80,3%, ont eu pour destination l'une de ces deux communes. Les échanges se sont en outre effectués principalement au sein de Lyon ou au sein de Villeurbanne, mais peu entre les deux communes, ce qui tend à confirmer le fait qu'elles ne présentent pas exactement les mêmes avantages (on peut se reporter notamment aux différences en termes d’accès au TGV et à l’aéroport mises en évidence dans le chapitre précédent).
Les échanges entre le centre et la périphérie ne représentent que 21,6% des mouvements (13% du centre vers la périphérie, et seulement 8,6% de la périphérie vers le centre), et les transferts au sein même de la périphérie ne concernent qu’un peu plus du quart (25,4%) des déménagements. Nous ne constatons donc pas de mouvement massif de départ du centre. En fait, la première commune d’implantation dans la métropole détermine largement les éventuelles localisations ultérieures, ce qui signifie que les besoins des établissements se modifient rarement de façon radicale. Ce résultat est d’ailleurs cohérent avec les conclusions du chapitre précédent, qui a permis de mettre en évidence l’importance de la répartition de l’aire de marché communale sur le choix d’un site dans un certain nombre de cas. Ainsi, 89% des établissements localisés au centre dans notre échantillon ont pour commune de première implantation Lyon ou Villeurbanne, ce chiffre étant de 85% pour ceux qui se sont délocalisés au moins une fois au cours des dix précédentes années. De la même manière, 72% des établissements de la périphérie se sont, dès leur création ou leur arrivée dans la métropole, implantés en périphérie, cette proportion étant de 74% pour ceux qui ont déménagé récemment.
Au total, les deux tiers des établissements enquêtés ont Lyon ou Villeurbanne comme commune de première implantation, tandis que le poids du centre dans les implantations actuelles est de 62% : même si une certaine déconcentration a eu lieu, elle demeure ainsi particulièrement mesurée. Les établissements de services aux entreprises ont en fait plutôt tendance à se localiser soit au centre, soit en périphérie, et à y demeurer, même si nombre d’entre eux sont amenés à déménager au moins une fois au cours de leur existence. Il est par ailleurs intéressant de remarquer que les services aux entreprises pour lesquels la première commune d’implantation est Lyon ou Villeurbanne sont en moyenne plus anciens que les autres (les années de création étant respectivement 1988 et 1992). Ce résultat traduit le fait que les services aux entreprises tendent à s’implanter de façon croissante directement en périphérie, soit parce que le centre est effectivement relativement saturé, soit parce que la périphérie offre un attrait de plus en plus important, du fait notamment, nous l’avons souligné au chapitre précédent, de l’augmentation soutenue de la demande locale.
Une analyse géographique plus précise souligne que les échanges intrazonaux sont prépondérants (tableau 3-38), en particulier pour le centre, la proche banlieue ouest et les communes industrielles de l’est. En revanche, 50% des établissements délocalisés depuis une commune du groupe “ tertiaire diversifié ” (prox centre) se sont réimplantés au centre, et plus de 40% des établissements du reste de la métropole (principalement situés sur le pôle de L'Isle D’Abeau, c’est-à-dire dans la partie est de la métropole) sont venus se localiser dans les communes industrielles de l’est, mais dans ce dernier cas les effectifs concernés sont très réduits.
| ORIGINE | |||||
| DESTINATION | centre | ouest | est | prox centre | reste métropole |
| centre | 80,3% (98) |
26,9% (7) |
12,5% (2) |
50% (6) |
14,3% (1) |
| ouest | 6,6% (8) |
69,2% (18) |
12,5% (2) |
25% (3) |
14,3% (1) |
| est | 3,3% (4) |
0% (0) |
62,5% (10) |
0% (0) |
42,8% (3) |
| prox centre | 9% (11) |
3,9% (1) |
6,3% (1) |
25% (3) |
0% (0) |
| reste métropole | 0,8% (1) |
0% (0) |
6,2% (1) |
0% (0) |
28,6% (2) |
| total | 100% (122) |
100% (26) |
100% (16) |
100% (12) |
100% (7) |
| Sources : enquêtes LET et Agence d’Urbanisme de Lyon * nous ne disposons pas de ce renseignement pour 2 délocalisations entre parenthèses le nombre d’établissements ayant effectué chacun des types de mouvements |
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En dehors du cas des communes industrielles, les établissements du centre et de la proche périphérie préfèrent donc se relocaliser dans le même sous-espace. Très peu déménagent en tout cas vers le reste de la métropole.
Ces résultats prouvent que les zones que nous avons identifiées au sein de la métropole lyonnaise ont bien une certaine cohérence pour les établissements de services aux entreprises, et qu’ils les identifient comme distinctes. Une preuve supplémentaire en est donnée par les résultats des réponses à la question 119 concernant les autres implantations envisageables : les établissements répondent très rarement qu’ils auraient pu choisir de se localiser en dehors de leur sous-espace actuel, hormis 51,3% des établissements des communes industrielles qui déclarent qu’ils auraient pu également s’installer au centre.
Les différences intersectorielles en termes de répartition des flux origine/destination ne sont par contre pas significativement différents, et, de toute façon, les effectifs en jeu sont trop réduits pour pouvoir, à notre avis, être correctement analysés.
Cette question a été introduite uniquement dans le questionnaire du LET.