C. Des projets de mobilité au sein de la métropole relativement nombreux

40% des établissements enquêtés prévoient un changement de localisation au cours des cinq années à venir. 38% des déménagements futurs doivent même avoir lieu avant un an, 43% d’ici un à deux ans, tandis que 19% des répondants n’ont pas de calendrier précis. Les établissements qui n’ont encore jamais bougé à la date de l’enquête sont 67% à vouloir déménager, contre 53,4% pour les autres. Ceux qui comptent se délocaliser prochainement se sont créés en moyenne en 1992, contre 1987 pour les autres. Le rythme des déménagements successifs apparaît donc relativement rapide.

Près de 85% des services aux entreprises comptent en fait rester à l'intérieur de la métropole lyonnaise, ce qui confirme l’importance des mouvements intraurbains. 51,7% des départs consistent en des déménagements intracommunaux, et 33% doivent s’effectuer à destination d’une autre commune de la métropole. Par ailleurs, les délocalisations envisagées vers la région parisienne (3,4%) sont un peu plus nombreuses que celles à destination du reste de la région Rhône-Alpes (1,7%), mais elles restent très rares, de même que les transferts vers l’étranger, qui représentent moins de 1% des cas (tableau 3-48).

Parmi les mouvements intramétropolitains futurs, les déménagements internes au centre, même s’ils sont les plus importants, représentent moins de la moitié des effectifs, alors que la proportion était de 67,5% pour les délocalisations ayant eu lieu au cours des dix dernières années. La part des départs du centre en direction de la périphérie est par contre plus conséquente ; mais il en est de même pour les déplacements de la périphérie vers le centre.

Tableau 3-48 : Les lieux de relocalisation envisagés pour les déménagements à cinq ans
  non réponse dans la même commune ailleurs dans la métropole ailleurs en Rhône-Alpes en région parisienne ailleurs en France à l’étranger total
proportion d’établissements 8,5% 51,7% 33% 1,7% 3,4% 0,9% 0,8% 100%
Sources : enquêtes LET et Agence d’Urbanisme de Lyon

Le taux de mobilité future 122 est proche de 40% dans la proche banlieue (ouest, est et prox centre) ; il est en revanche très faible (seulement 12,5%) dans le reste de la métropole, ce qui confirme les résultats obtenus concernant les délocalisations ayant eu lieu au cours des dix dernières années.

Les activités juridiques, ainsi que l’informatique de haut niveau, se distinguent par les plus forts taux de mobilité envisagée (tableau 3-49). Les premières présentaient déjà la plus forte proportion de délocalisations intraurbaines récentes. En ce qui concerne les secondes, le résultat s’explique essentiellement par le fait que ces activités sont en moyenne dans les enquêtes beaucoup plus récentes que celles des autres secteurs (l’année de création moyenne est 1993 contre 1989 pour l’ensemble des établissements).

Tableau 3-49 : Projet de mobilité à cinq ans par secteur de services aux entreprises
secteur d’activité proportion d’établissements envisageant une délocalisation
jurid 54,5%
archi 21,4%
pub 35,5%
interim 21,4%
compta 25%
infosup 54,2%
conseil 30,8%
serv 36,4%
techn 45,5%
adm 41,7%
presta 33,3%
Sources : enquêtes LET et Agence d’Urbanisme de Lyon

Les établissements qui projettent de déménager prochainement ont en outre des locaux nettement plus petits : en moyenne 261,2 m² contre 420,9 m². Nous pouvons donc supposer que là aussi le besoin d’augmenter la surface de l’activité constitue un déterminant important dans la décision de mobilité.

Cette hypothèse est confirmée par l’analyse des raisons des déménagements futurs. Les facteurs les plus significatifs sont, dans l’ordre, la nécessité de trouver des locaux plus grands, de payer un loyer moins élevé, de modifier le volume de l’activité, de devenir propriétaire, ainsi que de bénéficier de locaux de meilleure qualité et plus généralement mieux adaptés. En revanche, la volonté de payer moins de taxes locales n’apparaît pas, contrairement aux résultats d’enquêtes similaires mentionnant son impact croissant (cf. partie 1). Il semble malgré tout que le coût des locaux tienne une place de plus en plus importante dans les raisons de déménagement ; ce facteur n’est cependant pas associé à un type de mouvement particulier, et notamment pas aux départs du centre vers la périphérie.

Les délocalisations apparaissent nombreuses et, semble-t-il, fréquentes, et ce pour l’ensemble des secteurs de services aux entreprises. La très grande majorité des mouvements a lieu à l’intérieur même de la métropole lyonnaise. Pour autant, l’impact de ces tranferts en termes de restructurations intraurbaines semble relativement limité. Les déplacements intracommunaux et intrazonaux sont en effet majoritaires, ce qui signifie que, dans la plupart des cas, l’établissement ne change pas de sous-espace d’implantation, ni même généralement de commune. Le premier choix de localisation au sein de la métropole est de ce fait déterminant. Les échanges entre le centre et la périphérie apparaissent relativement restreints, et nous n’observons pas de mouvement massif de départ du centre, même si ce type de délocalisation sera peut-être plus fréquent dans les prochaines années, comme le suggère l’analyse des projets de mobilité à cinq ans.

Le changement de localisation traduit en fait, dans la plupart des cas, une phase d’expansion, qui nécessite de trouver des locaux plus grands, sans que ce changement implique des réorganisations stratégiques majeures, que ce soit en termes de nature de l’activité, de façons de travailler, ou encore de positionnement sur le marché.

Le processus de périphérisation des services aux entreprises semble finalement résulter de créations directes en périphérie, plutôt que de délocalisations depuis le centre historique. Cela conforte les résultats obtenus à partir des fichiers SIRENE (cf. partie 2), ainsi que l’analyse de M.R. Matthew [1993] à propos de l’espace métropolitain de Toronto : l'auteur suggère que les différents sous-espaces périphériques, à l’image du centre, tendent à générer leur propre développement. Cela s'explique par le fait qu’ils développent une attractivité propre (accès aux clients intra et extramétropolitains, offre de qualité, etc.), et ne sont pas choisis seulement par des établissements qui quittent le centre en raison des coûts élevés ou de l’existence de déséconomies externes.

Notes
122.

C'est-à-dire la proportion d'établissements ayant déclaré envisager un déménagement dans les cinq années à venir.