Historique et théories : apport de la physiologie

En près de deux siècles de recherche, quelques théories de l’émotion ont fini par être considérées comme classiques. Nous présentons certaines d’entre elles par la suite.

Théories de James vs. Cannon

Selon James (1884), il y a 3 temps pour percevoir une émotion : (1) on perçoit le stimulus, (2) cela déclenche des modifications organiques et (3) le sujet à l’aide de son cerveau perçoit des modifications organiques. Et c’est cette prise de conscience des modifications organiques qui constitue l’émotion (figure 1). Donc, dans cette théorie, ce qui est à l’origine ce sont des modifications organiques périphériques, c’est pour cette raison que cette théorie est appelée théorie périphérique de l’émotion.

L’un des arguments de Cannon (1930) contre la théorie de James venait de ce que des émotions peuvent être ressenties sans percevoir de modifications physiologiques (figure 1). Cannon observait également qu’il n’y a pas de corrélation entre l’expérience de l’émotion et l’état physiologique dans lequel se trouve le corps. Par exemple, la peur s’accompagne d’une fréquence cardiaque plus élevée, de trouble de la digestion et de transpiration accrue. Cependant, les mêmes réactions physiologiques accompagnent d’autres émotions, comme la colère, et même des conditions non émotionnelles liées à la maladie, telle que la fièvre par exemple. Comment la peur pourrait-elle être la conséquence de changements physiologiques quand ces mêmes changements sont associés à d’autres états que la peur ? C’est donc le caractère non spécifique des modifications organiques qui est remis en question. D’un point de vue fonctionnel, le cortex cérébral exerce une action inhibitrice continue sur les centres émotionnels thalamiques. La perception d’une situation inductrice d’émotion produit une désinhibition cérébrale, et libère donc les centres thalamiques : l’expression émotionnelle automatique peut apparaître. Par conséquent, les impulsions afférentes provenant des viscères et des muscles squelettiques peuvent arriver au thalamus et sont relayées plus haut vers le cortex cérébral. Ces impulsions, selon Cannon, fournissent une expérience émotionnelle.

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Figure 1. Comparaison des théories de James-Lange et Cannon-Bard, de l’émotion.