Problématique de nos travaux

Nous venons de parcourir dans cette introduction plusieurs voies de recherche relatives à l’étude de l’émotion. Nous avons présenté différentes études, de diverses disciplines, et elles avaient toutes en commun la nature du matériel utilisé : souvent des stimulations visuelles ou auditives. Nous avons présenté dans une seconde partie l’olfaction et ses rapports avec l’émotion. Plusieurs éléments indiquent que les rapports entre affectivité et odorat sont étroits : (1) les réactions aux odeurs sont souvent des réponses émotionnelles ; (2) les mêmes structures concernent l’émotion et l’olfaction ; (3) la matériel olfactif peut servir d’inducteur d’émotion, et influencer la cognition.

Ainsi, nous proposons d’aborder dans cette thèse l’étude des états affectifs positifs et négatifs induits par des odeurs sous trois aspects. Le premier aspect abordé traitera des effets des états affectifs induits par des odeurs, sur certains comportements affectifs, cognitifs et sociaux. Nous prendrons l’exemple des jugements affectifs, cognitifs et sociaux d’individus photographiés. Les variables mesurées seront comportementales et électrophysiologiques. Enfin, nous comparerons les effets des affects positifs et négatifs induits par des odeurs. Cet aspect « implicite » du traitement affectif des odeurs est liée à une demande du monde de l’industrie, pour expliquer les effets psychologiques et sociobiologiques des parfums et cosmétiques.

Le second aspect de la thèse examinera les différences entre affects positifs et négatifs en olfaction. C’est l’aspect temporel du traitement qui nous intéressera principalement. Enfin, le troisième aspect concernera à nouveau l’étude des différences entre affects positifs et négatifs en olfaction, avec cependant comme mesure, les variations de réponses faciales, autonomes et comportementales. Ainsi, différentes questions seront posées :

• qu’apporte une odeur agréable, et en particulier un parfum, sur les jugements d’autrui ?

• peut-on mettre en évidence de tels effets à l’aide de l’électrophysiologie humaine ?

• quelles sont les différences entre effets d’odeurs agréables vs. désagréables sur les jugements affectifs, sociaux et intellectuels que l’on porte sur autrui ?

• si les effets sont différents, comment est-ce que ces différents processus (traitement des odeurs agréables vs. désagréables) s’organisent de façon temporelle ?

• dépendent-ils de réseaux neuronaux différents ?

• comment l’enregistrement des réponses périphériques peut-il nous aider à étudier ces différentes voies de traitement ?

• l’organisation de l’espace affectif en olfaction est-il semblable à celui observé en vision, ou a-t-il des spécificités ?

• l’évaluation affective des odeurs (agréables et désagréables) est-elle automatique et spontanée ?

Nous avons réalisé 8 expériences durant cette thèse, et chacune d’entre elle a tenté de répondre à une des questions posées ci-dessus.

La thèse est organisée en trois chapitres dont l’objectif est de traiter respectivement chacun des trois aspects développés ci-dessus. La présentation est résumée figure 9.