Chapitre 1. Traitement affectif des odeurs : aspects implicites

Introduction et cadre théorique

La question des effets des odeurs sur l’humeur, le comportement et la cognition, a suscité beaucoup de travaux ces dernières années. L’idée se répand, au moins dans une littérature spécialisée, que la présence de certaines odeurs influencerait notre comportement. Cette influence s’exercerait de manière non consciente pour un sous ensemble spécifique de signaux olfactifs : les phéromones (Dorries, 1997; Hines, 1997). Concernant les stimuli olfactifs non phéromonaux, les études sont également nombreuses. Ainsi, les interactions entre odeurs et humeur (Lehner et al., 2000), odeurs et émotion (Ehrlichman & Bastone, 1992), odeurs et attention (Warm et al., 1991) et odeurs et mémoire (Gabassi & Bartic, 1987 ; Smith, Sauting & A de man, 1992 ; Pointer & Bond, 1998), ont fait l’objet de plusieurs études.

Il semblerait donc que les stimuli olfactifs peuvent moduler nos comportements sans que l’on prenne conscience de leur présence dans l’environnement. En se basant sur ces effets, parfois non conscients, certains auteurs ont supposé que l’enregistrement de changements neurophysiologiques pourrait mettre en évidence les corrélats corticaux sous-jacents à de tels effets. Depuis ces dix dernières années, les recherches dans ce sens se sont multipliées. C’est ainsi que des preuves en EEG (Schwartz, Kline, Dikman & Fernandez, 1994a ; Schwartz, Kline, Dikman, Fernandez & Polak, 1994b ; Kline, Schwartz, Dikman & Bell, 2000b), neuroimagerie (Sobel et al., 1999) et potentiels évoqués (Lorig, Elmes & Yoerg, 1998) indiquent que les odeurs peuvent affecter le système nerveux sans être consciemment perçues ou détectées.

Nous proposons de revoir dans ce chapitre une partie de la littérature des effets des odeurs sur le bien être, l’humeur, le comportement et la cognition. Nous verrons tout d’abord de quelle façon l’humeur d’un individu peut être modifiée par la présence d’odeurs. Ensuite, notre revue s’intéressera aux effets des odeurs sur des tâches comportementales. Dans un troisième temps nous aborderons l’étude expérimentale des modifications de certains traitements cognitifs par des affects induits par des odeurs.

La seconde partie de cette revue sera une présentation des études qui suggèrent des effets des odeurs sur l’activité corticale. Nous aborderons dans un premier temps, les effets des odeurs sur l’activité EEG, et notamment sur les ondes α et β. Dans un second temps, nous considérerons les effets des odeurs sur un potentiel cérébral lent négatif (CNV). Enfin, dans un troisième temps, nous exposerons deux expériences d’imagerie fonctionnelle dont les résultats indiquent que l’odeur, même à une concentration très faible, influence l’activité corticale.