La cognition influencée par les affects induits par des odeurs

L’influence des états affectifs induits par des odeurs sur des processus cognitifs comme la mémoire et le rappel de souvenir par exemple a été étudiée par Ehrlichman et Halpern (1988). Ces derniers ont réalisé une étude qui indique que le caractère hédonique de l’odeur peut biaiser le rappel de souvenirs en mémoire. Ils utilisaient pour induire des expériences affectives positives et négatives, des odeurs respectivement agréables et désagréables. L’étude comportait 3 groupes : (1) non odorisé ; (2) odeur agréable (amande) ; (3) odeur désagréable (pyridine). La tâche des sujets était la suivante. Après l’émission d’un signal sonore (’Ready’) un mot était présenté. Les sujets devaient alors immédiatement rappeler un souvenir que le mot leur évoquait en mémoire. Il est à noter que les sujets savaient que l’odeur était diffusée et qu’elle faisait partie de l’étude. A la fin de l’expérience les sujets évaluaient affectivement les souvenirs qu’ils venaient de rappeler. Pour cela ils remplissaient une échelle hédonique allant de ’très triste’ à ’très heureux’ pour chaque souvenir. Les sujets de la condition ’agréable’ ont rappelé plus de souvenirs agréables que les sujets de la condition ’désagréable’. Les auteurs suggèrent que la congruence, induite par l’odeur, entre l’expérience courante et le matériel à long terme peut biaiser le rappel de souvenirs.

D’autres auteurs indiquent que des processus cognitifs tels que l’attention (Warm et al., 1991) et le raisonnement peuvent être influencés par des stimulations olfactives. Ludvingson et Rottman (1989) ont montré que certaines odeurs comme la lavande peuvent influencer une tâche de raisonnement mathématique. De tels résultats avec l’odeur de lavande ont été reproduits par Degel et Köster (1999). Ils montrent que les sujets font moins d’erreurs dans une tâche de mathématiques en présence de lavande.

Un autre exemple d’influence des émotions (procurées par les odeurs) sur des processus cognitifs peut être donné par l’étude de l’influence de la dimension hédonique des odorants sur le rappel de noms d’odeurs. Une étude réalisée dans notre laboratoire s’est intéressée à ce type d’effet (Bensafi, Rouby & Holley, 1999). Cette étude a montré que le rappel de noms d’odeurs est influencé par la valence hédonique même des odeurs. Ainsi, le rappel des noms d’odeurs placées avant et après une odeur très désagréable a tendance à être diminué. Ces données sont à mettre en relation avec les effets amnésiants de stimulations émotionnelles (voir Agellini et al., 1994, en introduction).

Dans l’ensemble, les résultats des études précédemment citées suggèrent ainsi que, par le biais de leur contenu hédonique, les odeurs peuvent provoquer des états affectifs négatifs et positifs, et ainsi influencer des processus cognitifs tels que l’attention, le raisonnement ou la mémorisation.