Procédure expérimentale

Instructions aux sujets

Au début de chaque session individuelle, l’expérimentateur expliquait au sujet que l’objectif de l’expérience était de déterminer dans quelle mesure les individus se forment une impression seulement à partir des caractéristiques faciales d’une personne photographiée. La manipulation du maquillage n’était pas mentionnée. L’expérimentateur informait également le participant que des études antérieures avaient mis en évidence une influence de la qualité odorante de l’air sur les temps de réponse. Par conséquent, pour pallier ces effets, des odeurs seraient diffusées pendant la tâche, par l’intermédiaire d’un micro relié à un casque. L’expérimentateur expliquait au participant que sur la base de photographies projetées sur l’écran d’ordinateur, il allait devoir attribuer des traits de personnalité à des femmes. Dans un premier temps, il aurait à émettre un premier jugement, le plus rapidement possible en indiquant si oui ou non, avec les touches du clavier, le trait correspondait à la personne. Dans un deuxième temps, pour le même couple visage/trait, il devrait émettre un deuxième jugement sur une échelle croissant de –3 (Pas du tout) à +3 (Extrêmement). Pour cette deuxième évaluation, il pourrait prendre son temps. Lorsqu’il aurait terminé, il devrait appuyer sur la barre d’espace pour passer au visage suivant. Le participant était alors informé qu’il ferait d’abord une session d’entraînement pour se familiariser avec le matériel avant de commencer réellement l’expérience. Enfin, l’expérimentateur précisait qu’il n’y avait ni de bonnes ni de mauvaises réponses et que la tâche était totalement anonyme. Il mettait alors le casque sur la tête du participant en vérifiant que l’embout de sortie arrivait au niveau des narines afin d’assurer la bonne perception des odeurs.

Phase d’entraînement

La phase d’entraînement était composée de 6 essais. Les sujets devaient évaluer les visages selon le descripteur «sympathique». Le descripteur était toujours affiché en haut de l’écran. Un essai commençait avec la diffusion d’une amorce olfactive (odeur plaisante ou odeur déplaisante ou air) durant 6 secondes. Pendant la diffusion de l’odeur, une croix était présentée au centre de l’écran. Le sujet devait porter son attention sur la croix. Ensuite, le stimulus olfactif disparaissait et un des six visages tests était affiché de façon randomisée au centre de l’écran. Les tâches du sujet étaient de donner, dans un premier temps, une évaluation binaire (sympathique : oui ou non) la plus rapide possible ; et dans un second temps, une évaluation quantitative allant de – 3 (pas du tout) à + 3 (extrêmement). Un intervalle de 18 secondes était imposé entre chaque stimulation. Ce temps était nécessaire pour nettoyer le tube de l’olfactomètre avec de l’air.

Phase expérimentale

La phase expérimentale était composée de 6 séquences de 12 essais. Les séquences différaient entre elles par le descripteur utilisé. Ainsi, 6 descripteurs étaient utilisés pendant la session expérimentale. Les descripteurs (attirante, repoussante, intelligente, stupide, sociable et soumise) étaient catégorisés selon leur valence (positive ou négative) et leur connotation (affective, intellectuelle ou sociale). La valence et la connotation des descripteurs ont été testées dans une étude pilote réalisée par Richetin (1998).

Dans chaque bloc, le participant était exposé à 12 visages (6 maquillés et 6 non maquillés) présentés aléatoirement. Les visages étaient ceux de 12 femmes catégorisées selon leur âge (20 ans vs 40 ans) et leur couleur de cheveux (Blonde vs Brune). Ces femmes ont été photographiées en format 10x13 cm avant et après maquillage. Le maquillage, effectué par une esthéticienne, consistait en un fond de teint, du rouge à lèvres, du fard à paupières et du fard à joues. Un visage présenté maquillé dans une tâche, n’était pas présenté non maquillé et inversement. Chaque bloc présentait aléatoirement les mêmes couples visage/odeur. L’ordre de présentation des blocs, les combinaisons visage/odeur et le côté de réponse (« Oui » et « Extrêmement » à droite ou à gauche) étaient contrebalancés. Les premières évaluations, les temps de réponse des premières évaluations et les deuxièmes évaluations, étaient enregistrés

Lorsque la session expérimentale était terminée, le sujet devait répondre à plusieurs questions. Ce questionnaire permettait d’obtenir des informations telles que l’âge, le sexe, etc. De plus, il permettait de savoir si le participant avait détecté les odeurs durant l’expérience, et s’il était conscient que certains visages étaient maquillés. Dans un dernier temps, les sujets devaient réaliser un test hédonique sur les odeurs. Dans ce test hédonique, les sujets devaient donner une note hédonique à l’aide d’une échelle croissante allant de 0 (pas du tout plaisant) à 10 (extrêmement plaisant). Une fois l’expérience terminée, l’équipement était retiré au sujet, et on lui révélait l’objectif de l’expérience.

Analyse des données

Les effets des odeurs, du sexe et du maquillage ont été testés à l’aide d’une analyse de variance à mesures répétées (ANOVA) pour chaque descripteur. Les analyses ont été réalisées sur les secondes évaluations fournies par les sujets. Ainsi, les données relatives aux temps de réponses n’ont pas été analysées, du fait que cette variable pouvait être influencée par les instructions données aux sujets. Les comparaisons de moyennes ont été réalisées à l’aide du test de Student (t-test).