Chapitre 2. Traitement affectif des odeurs : aspects temporels

Introduction et cadre théorique

Plusieurs arguments plaident en faveur d’une dimension affective particulièrement saillante en olfaction (Ehrlichman & Bastone, 1992). Ainsi, l’analyse multidimensionnelle des jugements de similitude sur les odeurs montre que la principale dimension peut être rattachée à la valeur hédonique des odeurs (Schiffman, 1974; Godinot, 1994 ; Godinot, Sicard & Dubois, 1995 ; Godinot, 1999). On sait, par ailleurs, que les structures cérébrales corticales et sous-corticales impliquées dans la perception des émotions sont intimement liées aux structures olfactives (Halgren, 1992; Zald & Pardo, 1997; Royet et al., 2000b).

Les critiques développées dans l’étude des processus émotionnels en olfaction concernent souvent l’axe de polarité agréable-désagréable. Les méthodes généralement utilisées dans ce domaine se réfèrent à des axes où l’odeur serait très agréable à une extrémité de l’échelle, et très désagréable à l’autre extrémité, avec, entre les deux, une valeur hédonique neutre et des attributs intermédiaires entre les segments agréable-neutre et neutre-désagréable. Toutefois, la question est de savoir si la distance entre agréable-neutre est la même qu’entre neutre et désagréable ? On peut ainsi s’interroger sur la continuité des états affectifs positifs et négatifs induits par la perception respective d’odeurs agréables et désagréables.

De nombreuses études ont montré que le traitement des odeurs agréables diffère de celui des odeurs désagréables. Les recherches peuvent être dissociées en deux grandes catégories: (1) les méthodes qui emploient les techniques d’imagerie cérébrale, comme les potentiels évoqués, l’imagerie par résonance magnétique (IRMf) ou la tomographie par émission de positrons (TEP) et (2) les méthodes basées sur l’enregistrement de paramètres périphériques (rythme cardiaque, conductance de la peau, etc.). Les résultats de ces études, dont nous avons parlé en introduction, sont présentés de façon synthétique par la suite.