Expérience 4. Influence du contenu hédonique des odeurs pendant des jugements olfactifs perceptifs, affectifs et cognitifs : apports de l’enregistrement des temps de réponses

Objectifs de l’étude

Le premier objectif de cette expérience est de distinguer, en utilisant l’enregistrement des temps de réponses, le traitement des odeurs plaisantes d’une part, et des odeurs désagréables d’autres part. L’hypothèse dans ce cas est que le traitement des odeurs désagréables nécessite un temps significativement différent de celui des odeurs neutres et agréables.

Le jugement hédonique a souvent été considéré comme un jugement automatique et spontané comparé aux autres types de jugements, comme ceux relatifs à l’intensité ou la familiarité. Les comparaisons entreprises entre jugements hédonique et d’intensité ont été présentées en introduction. Nous proposons de comparer les jugements de détection, d’intensité, d’hédonicité et de familiarité à l’aide des temps de réponses. Ainsi, le second objectif est de déterminer si le jugement hédonique est diffèrent de ces jugements sur la base des temps de réponse. Notre hypothèse est que les jugements de détection et d’intensité sont des jugements perceptifs, et nécessitent un temps de réponse plus court que le jugement de familiarité, ce dernier nécessitant une implication plus cognitive que les tâches perceptives. L’évaluation affective, qui implique l’intervention de réseaux neuronaux différents (Zatorre et al., 2000), devrait avoir une position intermédiaire, car elle nécessite une contribution moindre du système cognitif, comparée au jugement de familiarité.

On peut supposer que les processus olfactifs dépendent de réseaux neuronaux spécifiques, distribués de façon asymétrique. En effet, des études de domaines variés indiquent que les processus olfactifs sont plus sous le contrôle de l’hémisphère droit (Zatorre et al., 1992 ; Jones-Gotman & Zatorre, 1993) et que les meilleures performances sont obtenues quand les sujets utilisent la narine droite plutôt que la narine gauche (Zatorre & Jones-Gotman, 1990). Ainsi, le troisième objectif de l’étude est d’examiner si la perception d’odeurs en narine droite manifeste un avantage. L’hypothèse dans ce cas est que les temps de réponses devraient être plus courts quand les sujets sentent les odeurs avec la narine droite que lorsqu’ils sentent avec la narine gauche.

Plusieurs expériences ont étudié l’interaction entre la latéralité manuelle et l’olfaction. Certaines d’entre elles ont étudié l’effet de la latéralité manuelle sur des traitements olfactifs de bas niveaux, comme la détection (Toulouse & Vaschide, 1899 ; Yougentob, Kurtz, Leopold, Mozell & Hornung, 1982 ; Frye, Doty & Shaman, 1992). D’autres ont étudié l’effet de la latéralité manuelle sur des processus olfactifs de plus haut niveau, comme la discrimination d’odeurs (Zatorre & Jones-Gotman, 1990 ; Hummel, Mohammadian & Kobal, 1998). Concernant les seuils olfactifs, des résultats opposés sont observés : Toulouse et Vaschide (1899), et Frye et al. (1992) observent que les seuils olfactifs sont plus bas quand les odeurs sont présentées sur la narine controlatérale à la main préférentielle, alors que les travaux de Yougentob et al. (1982) indiquent que la sensibilité olfactive est supérieure dans la narine ipsilatérale à la main préférentielle. Finalement, les études de Zatorre et Jones-Gotman (1990), et Hummel et al. (1998), n’indiquent aucune différence entre les droitiers et les gauchers pour les seuils olfactifs. Concernant les traitements de plus haut niveau, comme la discrimination des odeurs, Zatorre et Jones-Gotman (1990) ne montrent aucune différence entre les droitiers et les gauchers durant une tâche de discrimination. Cependant, l’étude d’Hummel et al. (1998) indique que les gauchers réalisent mieux une tâche de discrimination à partir de la narine gauche qu’à partir de la narine droite. Le pattern inverse est observé chez les sujets droitiers. Ainsi, il semblerait que la latéralité manuelle soit un facteur qui doit être pris en compte en olfaction, mais la signification de ces effets n’est pas très claire. Le quatrième objectif de notre étude est donc d’étudier les possibles différences en temps de réponses entre droitiers et gauchers durant la détection d’odeurs ou les jugements d’intensité, d’hédonicité et de familiarité.