Une voie de traitement spécifique pour les odeurs désagréables ?

La spécificité du traitement des odeurs désagréables est confirmée par nos données. Ce traitement est différencié particulièrement pendant le jugement hédonique. Ainsi, les odeurs désagréables sont traitées de façon plus rapide que les odeurs neutres et agréables. Il semblerait donc que les odeurs déplaisantes soient traitées par un système spécifique, hypothèse qui est en accord avec des études qui suggèrent que des réseaux neuronaux spécifiques, incluant une région sous-corticale comme l’amygdale, sont impliqués dans le traitement de l’affect négatif en olfaction (Zald et Pardo, 1997).

Ainsi, quand les odeurs désagréables stimulent le système olfactif, une voie spécifique (plus rapide), selon les temps de réponses, pourrait être utilisée, ce qui impliquerait des structures limbiques comme l’amygdale chez l’Homme. Les expériences dans le domaine du conditionnement de peur olfactif chez l’animal révèlent que l’amygdale joue un rôle fondamental (Otto, Cousens & Herzog, 2000). Les émotions comme la peur ont également été étudiées par Le Doux et ses collaborateurs (Armony et al., 1997) sur le modèle animal pour la modalité auditive. Ces études révèlent le rôle critique de l’amygdale dans le conditionnement de peur, et convergent avec des études chez l’Homme impliquant l’amygdale dans le traitement émotionnel et spécialement dans les émotions négatives (Aggleton, 1992; Davidson et Irwin, 1999).

En conclusion, les odeurs plaisantes et déplaisantes sont probablement traitées par des systèmes différents. D’autres résultats d’expériences sont en accord avec ces données. Des études dans le domaine du réflexe de sursaut indiquent que les odeurs sont traitées par deux systèmes fondamentaux: le système aversif (retrait) et le système appétitif (approche). Ainsi, Lang et al. (1990) indiquent que l’activation du système qui et associé aux affects négatifs, pourrait augmenter l’amplitude du réflexe de sursaut. A l’opposé, l’activation du système appétitif, associé aux affects positifs, pourrait diminuer l’amplitude du sursaut. Trois études ont utilisé des odeurs comme stimulations affectives pour produire des états affectifs positifs (avec des odeurs agréables) et négatifs (avec des odeurs désagréables). Les auteurs montrent que les odeurs désagréables activent le système aversif, ce qui a pour conséquence d’augmenter l’amplitude du réflexe de sursaut (Miltner et al., 1994; Ehrlichman et al., 1995; Ehrlichman et al., 1997); alors que les odeurs agréables peuvent activer le système appétitif et donc atténuer l’amplitude du réflexe de sursaut (Ehrlichman et al., 1997).